Aretha Franklin, “Queen of soul”
A l’occasion de la sortie du biopic Respect le 8 septembre 2021, découvrez la vie d’Aretha Franklin, une chanteuse hors normes.
Plus qu’une artiste, c’est une personnalité afro-féministe, qui soutenait déjà la lutte pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King Jr. Elle est d’ailleurs considérée par beaucoup comme la chanteuse américaine la plus influente du XXème siècle.
La Reine de la soul
Aretha Franklin est appelée la “reine de la soul”, un style de musique qui associe des sonorités de Rythm’n Blues et de Gospel. Elle est une grande actrice de la popularisation de ce mouvement musical, aux côtés de Ray Charles.
Précurseure sur de nombreux aspects, elle est une des premières chanteuses à s’accompagner elle-même au piano. Son style chanté plein de vocalises et de mélismes influence des milliers d’artistes.
D’immenses célébrités citent Aretha Franklin parmi leurs inspirations. Parmi elles, on peut citer Madonna, Beyoncé, Elton John, Bruno Mars, Adele ou encore Whitney Houston, dont elle est marraine.
Au cours de sa carrière, elle collabore régulièrement avec les grands noms du monde de la chanson. Elle a notamment chanté en duo avec George Michael, Elton John, James Brown et bien sûr Whitney Houston.
Sa popularité en fait l’artiste féminine ayant vendu le plus de vinyles, avec 75 millions de disques. Les récompenses et honneurs pleuvent pour célébrer cette artiste exceptionnelle, dont 18 grammy awards. Elle est aussi la première femme à intégrer le Rock’n Roll Hall of Fame en 1987. C’est également la première à avoir 100 chansons au palmarès des Hot R&B/Hip-Hop Songs du Billboard. Le magazine Rolling Stone considère même Aretha Franklin comme la plus grande chanteuse et son tube Respect comme la 5ème plus grande chanson de tous les temps.
Icône
Son album Amazing Grace (1972) se vend à deux millions d’exemplaires, ce qui en fait le disque de gospel le plus vendu de l’histoire. Un documentaire immortalise la création de l’album, mais des problèmes techniques repoussent sa sortie jusqu’en 2018.
En plus de ses talents de chanteuse, elle joue dans le film The Blues Brothers (1980) aux côtés de James Brown et Ray Charles.
Pour l’anecdote, c’est l’artiste de pop art Andy Warhol qui design la pochette de son album Jumpin’ Jack Flash en 1986.
Aretha Franklin chante America the Beautiful lors du Wrestlemania III (1990), un évènement de la fameuse ligue de catch WWE. Elle chante aussi l’hymne américain pour le Superbowl XL en 2006 qui se tient à Detroit.
La chanteuse remplace au pied levé Luciano Pavarotti pour chanter Nessun Dorma lors des Grammy Awards de 1998, ce qui lui vaut une standing ovation. Elle réitérera la performance devant le pape François en 2015.
La vie d’une légende
Aretha Franklin naît en 1942 à Memphis, dans le Tennessee. Elle déménage dès ses 2 ans à Buffalo dans l’État de New York, puis à Detroit dans le Michigan à l’âge de 5 ans. Avec la séparation de ses parents, elle est baladée entre les deux villes, jusqu’à la mort de sa mère en 1952 qui l’installe définitivement à Detroit. Cela ne l’empêche pas d’apprendre la musique d’oreille, et de devenir une pianiste autodidacte hors-pair..
Elle commence sa carrière très jeune en signant dans le label Chess Records dès ses 14 ans en 1956. L’adolescente sort quelques chansons de gospel et de negro spiritual, ce qui lui permet de se faire connaître dans le milieu religieux.
Dans la même période, elle suit dans ses tournées Sam Cooke, un précurseur de la soul. Cela lui donne envie de faire elle aussi des chansons profanes.
Elle déménage à New York et signe dans la foulée avec Columbia Records en 1960, ce qui lance sa carrière. Dès 1961, son single de jazz Won’t Be Long entre dans le Billboard Hot 100. L’année suivante, après un concert à Chicago, elle est déjà surnommée “reine de la soul”. Mais le label ne lui laisse pas assez intégrer des racines gospel dans ses chansons, ce qui la pousse à quitter Columbia Records en 1966.
Une ascension fulgurante
Elle rejoint en fin d’année Atlantic Records, où Ray Charles et Solomon Burke sont déjà signés. Dans leur lignée, elle s’inscrit dans une dynamique plus proche de la pop et de la soul. Bien plus libre, elle compose, joue du piano, chante et dirige son chœur de gospel. Le single Never Loved a Man (the Way I Love You) sort l’année suivante et devient le premier grand succès commercial d’Aretha Franklin. Il monte à la 9ème place du Billboard Hot 100 et se vend à un million d’exemplaires. La même année sort Respect, dont l’aura va largement dépasser la dimension musicale et devenir un hymne de lutte pour la cause noire et le féminisme. La légende d’Aretha Franklin commence à s’écrire.
Son premier album, I Never Loved a Man the Way I Love You (1967) est un immense succès, tout comme Lady Soul et Aretha Now l’année suivante. Des chansons légendaires sont tirées de ces albums, avec Chain of Fools, Ain’t No Way, Think et I Say a Little Prayer. Elle remporte dès 1967 ses premiers Grammy Awards, dont celui de la meilleure chanteuse R&B, trophée qu’elle gagnera 8 fois de suite.
Confirmation artistique
Les années 70 sont l’apogée de sa carrière, grâce à des titres comme Don’t Play That Song (You Lied), Spanish Harlem, Rock Steady et Day Dreaming. Elle écrit et compose de plus en plus de chansons dans cette période. Elle retourne aussi à ses racines gospel, avec l’album Amazing Grace en 1972. L’année suivante, elle collabore avec Quincy Jones et sort le disque Hey Now Hey, dont sont tirés les titres Until You Come Back to Me et I’m in Love. En 1976, l’album Sparkle dont est extrait Something He Can Feel est son dernier grand succès de la décennie. Les albums suivants Sweet Passion (1977), Almighty Fire (1978) et La Diva (1979) se vendent beaucoup moins. Après ces échecs commerciaux, elle décide de quitter la maison de disques en 1979.
Un renouveau musical
Elle signe chez Arista Records l’année suivante, ce qui marque un renouveau dans sa carrière artistique. Les années 80 sont fructueuses, avec des titres comme United Together, Love All the Hurt Away, Hold On I’m Comin’, Jump To It, Freeway of Love ou encore I Knew You Were Waiting for Me. Ses albums Jump to It (1982), Who’s Zoomin’ Who? (1985) et Jumpin’ Jack Flash (1986) se vendent toujours à des millions d’exemplaires.
Les années 90 sont une période plus compliquée pour Aretha Franklin, avec des chiffres de vente en baisse. Certaines chansons se détachent, dont A Deeper Love en 1993 et Willing to Forgive l’année suivante. Mais l’essor des divas de la fin des années 90 comme Mariah Carey et Céline Dion lui font renouer avec le succès. Son album A Rose Is Still A Rose (1998) se vend à plus de 500 000 exemplaires.
Rideau
Les années 2000 et 2010 confirment la tendance, les albums se vendent de moins en moins. Malgré des problèmes de santé de plus en plus nombreux, elle n’arrête pas les sorties publiques et les prestations dans tout le pays.
Son dernier concert a lieu lors du gala de la Elton John AIDS Foundation le 7 novembre 2017. Elle décède en soins palliatifs le 16 août 2018 à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer du pancréas.
Les hommages sont innombrables suite à sa mort. Des chanteurs variés comme Paul McCartney, Beyoncé, Bruno Mars, Lady Gaga, Céline Dion ou encore The Rolling Stones s’expriment en son souvenir.
Lors de ses funérailles le 30 août 2018, de nombreuses personnalités sont présentes. Parmi elles, on peut citer Bill Clinton, Ariana Grande, Stevie Wonder et Jennifer Hudson, son interprète dans le film Respect.
Part d’ombre
Bien entendu, Aretha Franklin n’est pas parfaite. Elle a aussi des travers et différentes polémiques qui l’ont suivie tout au long de sa vie.
Depuis l’enfance, la chanteuse souffre de timidité, de problèmes de boulimie, ainsi que d’une addiction à l’alcool et au tabac. Elle finit par arrêter de boire dans les années 60 et le de fumer dans les années 90.
Son esprit de compétition extrême la pousse à se confronter à d’autres chanteuses, comme Barbara Streisand ou Tina Turner.
Combats civiques
Dès son plus jeune âge, elle est plongée dans le militantisme grâce à son père, pasteur et proche de Martin Luther King Jr. Elle part d’ailleurs en tournée avec ce dernier dès l’âge de 16 ans et lui rend hommage à sa mort en 1968.
En 1967, elle est la première femme noire à faire la couverture du Time. Sa tournée internationale de la même année en fait la personnalité noire la plus connue de 1968 derrière Martin Luther King Jr.
Elle milite également pour la libération d’Angela Davis lors de son emprisonnement en 1970, et va jusqu’à proposer de payer sa caution.
Même si son engagement public est devenu plus discret avec le succès, elle finance des dizaines de manifestations et campagnes pour les droits civiques.
Aretha Franklin est donc logiquement une fervente partisane du parti démocrate. Elle soutient ainsi les présidents Jimmy Carter, Bill Clinton et Barack Obama, pour qui elle chante lors de leurs investitures respectives.
Une artiste engagée
Sa musique devient ainsi un vecteur de transformations sociales. Respect (1967), dont est tirée le nom du film, est devenu un hymne afro-féministe pour la liberté. Sa chanson Chains of Fools (1968) devient l’emblème de la protestation des combattants américains contre la guerre du Vietnam. D’autres chansons comme A Change Is Gonna Come, Think et Young, Gifted & Black représentent parfaitement la mouvance des droits civiques des années 60-70.
Les années passent, mais ses convictions restent intactes. On peut le voir grâce à sa participation à la bande originale du film Malcolm X (1992) réalisé par Spike Lee, avec la chanson Someday We’ll All Be Free.
Son engagement féministe est également très fort, grâce à des chanson comme Think, Respect et Do Right Man, Do Right Woman. Contrairement à nombre de ses contemporaines comme Tina Turner ou Diana Ross, elle s’émancipe du rôle très défini de la chanteuse noire de l’époque et participe à la direction artistique de ses projets. Elle devient ainsi un modèle féministe pour beaucoup, et particulièrement pour les femmes noires.
Respect
En 2014, Aretha Franklin co-écrit sa biographie avec l’aide de David Ritz. Ce livre appelé Respect: The Life Of Aretha Franklin est une des inspirations principales du biopic qui sort le 8 septembre 2021. Mais la chanteuse désapprouve l’ouvrage à sa sortie, qu’elle considère plein de mensonges. L’auteur reproche quant à lui à Aretha Franklin de vouloir cacher les problèmes qu’elle a pu avoir dans sa vie.
Pour ce qui est du film en lui-même, il s’agit du premier long métrage de la réalisatrice Sud-Africaine Liesl Tommy. Le rôle principal est repris par la chanteuse et actrice Jennifer Hudson, choisie en accord avec Aretha Franklin elle-même peu avant sa mort. Le film rencontre déjà un certain succès auprès du public américain, qui peut le voir depuis le 13 août 2021. Le biopic de l’année ?
Après ce résumé assez complet de sa vie, on espère que cela vous donne envie d’aller voir le film. Pour encore plus d’anecdotes, mais dans un autre style, n’hésitez pas à lire notre article sur Kurt Cobain !
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