Gaspar Noé, l’enfant terrible du cinéma
Gaspar Noé est un réalisateur argentin né en 1963 et installé en France de puis 1975. Il compte 6 longs-métrages à son actif, ainsi que de nombreux autres projets audiovisuels de différentes envergures.
Provocateur, il aime créer la polémique et choquer à travers son œuvre. Son style se caractérise par des scénarios très évasifs et souvent un rapport avec le sexe ou la drogue. Ses productions se vivent avant tout par l’immersion dans l’image et le son.
Son dernier film, Vortex, est récemment passé au festival de Cannes en juillet 2021 et sortira prochainement en salle. Il est beaucoup plus doux que ses productions précédentes, présentant les derniers jours d’un couple sénile.
Biographie
Les débuts
Dans son enfance, Gaspar Noé voyage régulièrement entre New York et Buenos Aires, avant de s’installer définitivement à Paris. Dès l’âge de 17 ans, il entre à l’école Louis Lumière à Paris, où il étudie le cinéma mais aussi la philosophie, qu’il poursuivra d’étudier à la Sorbonne.
En 1985, il devient assistant-réalisateur de l’argentin Fernando Solanas sur le film El exilio de Gardel (Tangos). La même année, il produit Tintarella di Luna, son premier court-métrage professionnel. Ce dernier, diffusé par Canal+, rencontre un certain succès d’estime et pousse l’apprenti réalisateur à poursuivre sur cette voie.
Il continue de collaborer avec Solanas dans un deuxième long-métrage, The South, et travaille en parallèle sur des projets personnels. Il participe également à des productions de celle qui deviendra sa monteuse par la suite, Lucile Hadzihalilovic.
Des premières productions mouvementées
Entre 1991 et 1993, Gaspar Noé collabore avec l’acteur Philippe Nahon sur un moyen-métrage auto-financé, Carne. Ce dernier est récompensé par le Grand Prix de la semaine de la critique du festival de Cannes, ce qui le révèle auprès des professionnels du métier.
Les galères financières et les petits projets ne l’empêchent pas de se lancer dans la production d’un long-métrage, Seul contre Tous. Il passe cinq ans à réaliser ce film quasi auto-financé, toujours avec Philippe Nahon dans le rôle principal. Il finit par être présenté au festival de Cannes en 1998, où il sera le premier scandale de Gaspar Noé.
Flirter avec l’indicible
Son film suivant, Irréversible, est bien plus simplement financé grâce à la présence de Vincent Cassel, Monica Bellucci et Albert Dupontel au casting. Il est lui aussi diffusé à Cannes en 2002, où il fait un scandale encore plus gros que la fois précédente. Les scènes de viol et de meurtre très explicites choquent le public Cannois, mais font parler du réalisateur qui gagne en visibilité. Le long-métrage ramène ainsi plus de 600 000 spectateurs dans les salles obscures. Une version remontée à l’envers (ou plutôt à l’endroit, car le montage original est anti-chronologique) du film est ressortie en 2020.
Il faudra attendre près de 10 ans pour voir à nouveau une réalisation de Gaspar Noé sur grand écran, avec Enter the void. Ce film psychédélique, déjà en préparation avant le tournage d’Irréversible, a eu une production totalement chaotique, annoncé puis retardé à plusieurs reprises. Il profite donc de cette pause forcée pour réaliser des courts-métrages, des publicités ou encore des documentaires. Le film sort finalement en 2010 mais ne rencontre que très peu son public, avec seulement 50 000 entrées.
Les succès mitigés ne le freinent pas, et il continue les courts-métrages et autres clips. Il questionne la frontière entre art et pronographie à plusieurs reprises, ce qui aboutit à la création d’un film en 3D, LOVE (2015). Les scènes de sexe n’y étant pas simulées, le film est vivement critiqué puis interdit aux moins de 18 ans, ce qui limite son exposition à 60 000 spectateurs.
Productions récentes
En 2018 sort Climax, un film surprise tourné en seulement 15 jours en quasi plan séquence pendant la moitié du film. Il rencontre un public restreint avec environ 60 000 entrées, mais la critique est globalement positive.
Un an plus tard, il sort un moyen-métrage d’une quarantaine de minutes tourné en une semaine, Lux Æterna, porté par Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg. Il est à nouveau diffusé au festival de Cannes, mais cette fois hors des sélections officielles.
Gaspar Noé ne ralentit pas le rythme, et son nouveau long-métrage Vortex est diffusé au festival de Cannes en 2021. C’est un film touchant et sobre qui dénote dans sa filmographie sulfureuse. Il sera prochainement accessible en salle, mais la date de sortie reste inconnue.
Un personnage unique dans le monde du cinéma
Vous l’aurez compris, le réalisateur est un personnage un peu particulier, dont le style n’hésite pas à explorer les tréfonds des travers humains. C’est sa manière explicite de le montrer qui choque et rend son travail très clivant.
Un scénario ? Pour quoi faire ?
Les projets de Gaspar Noé sont avant tout des concepts. En effet, il avoue lui-même ne pas être très bon lors de l’écriture d’un scénario complet et détaillé. C’est pourquoi il laisse une grande liberté d’improvisation aux acteurs, plutôt que de leur faire apprendre un texte par cœur. Il préfère ainsi suggérer la thématique et l’aboutissement des dialogues, au lieu de les écrire de manière explicite, afin d’obtenir un résultat plus naturel.
Influences
Les influences du réalisateur sont nombreuses, allant du célèbre 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick à Amour (2012) de Michael Haneke, en passant par Taxi Driver (1976) de Martin Scorcese ou encore Eraserhead (1977) de David Lynch. Mais sa cinéphilie a tout autant été influencée par des films moins connus du grand public, comme Angst (1983) de Gerald Kargl, Un chien andalou (1929) de Luis Buñuel ou Soy Cuba (1964) de Mikhaïl Kalatozov.
Adaptativité lors du tournage
Gaspar Noé puise donc ses inspirations dans une très grande culture cinématographique, mais pas que. Ses films sont toujours imprégnés de réel, et il va jusqu’à intégrer des gens rencontrés par hasard dans ses films. Il fait ainsi jouer un barman dans Enter the void, un gardien d’immeuble dans Seul contre tous ou encore un garde du corps dans Irréversible. Il s’adapte toujours énormément à la réalité du tournage, voire du montage, grâce à un sens de la débrouille extrêmement développé.
Pour l’anecdote, Il a même tourné sous MDMA une scène de fête dans Irréversible afin de déstresser, mais le résultat a été catastrophique ! Il n’a plus jamais retenté l’expérience, la concentration étant essentielle pour lui sur un tournage.
Conclusion
Gaspar Noé est donc un réalisateur peu conventionnel, toujours à la limite du dicible. Il a failli être emporté par une hémorragie cérébrale en décembre 2019, mais il s’en est sorti sans séquelles. On était pas loin de perdre l’un des meilleurs expérimentateurs du cinéma moderne !
J’espère que cet article vous a donné envie de découvrir ou redécouvrir l’œuvre de ce réalisateur pour le moins atypique. Dans un style totalement différent, voici un article pour découvrir l’original réalisateur Wes Anderson.
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