La Crète, sans ses fêtes de villages, ne serait pas la Crète.

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Les tribulations d’un gaulois en Crète. L’épisode de la fête de village.

Kria Vrissi est un simple village montagnard de Crète situé entre Agia Galini et Spili . Ils ne sont qu’une trentaine d’habitants à y vivre à l’année. L’hiver y est rude il faut supporter le climat. La moyenne d’âge est de quatre-vingt ans.

Pourtant, quand vient l’été, les familles disséminées dans toute l’île et sur le continent, répondent à l’appel des irréductibles anciens.

Ils sont venus, ils sont tous là car elles ont préparé un festin, les mamas. Début Août, la date est aléatoire cette année c’était le 13, il est donc temps d’organiser LA Fête.

Contre vents et marées, 2022 en fût la trente cinquième édition.

Aucune affiche n’annonce l’événement. Nul besoin. Ce n’est pas une soirée V.I.P sur invitation, ni un snobisme anti-touriste. C’est simplement une grande réunion de famille et de voisins, d’une part et parce que la place du village ne peut accueillir plus de deux cent cinquante personnes.

Dans la journée, chacun est à son poste, les femmes en cuisine préparent de multiples recettes d’escargots, c’est la tradition, le thème de la fête. Les homme dressent les tables, montent la scène, règlent les amplis et les lumières, car une fête grecque sans musique est inconcevable.

Le début est annoncé pour vingt heures trente. Cela ne commencera qu’aux alentours de vingt deux heures. Les crétois sont très longs à se dire bonjour et il y a du monde à saluer. Privés de ce rendez-vous depuis 2019, cause Covid, ils ont hâte de se retrouver.

Des escargots dans tout leurs états les attendent, en ragoût au four.

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Grillés à la poêle avec du gros sel (boubouristi).

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Au chondros (brisures de blé cuites dans du lait et du fromage de chèvres et de brebis). Au xinochondros (du chondros acidifié). Et les éternelles pommes de terres !

Les ancienne remplissent les assiettes, les jeunes de vingt ans s’occupent du service, ne reste plus qu’à déguster.

Une fois les convives rassasiés, place à la musique. Trois artistes vont faire littéralement danser l’assemblée jusqu’au bout de la nuit. Composé généralement d’un bouzouki rythmique (de la famille du luth au coffre arrondi), d’une lyra crétoise (petit violon à trois cordes) et d’un bouzouki soliste, un seul, ou les trois chantent à tour de rôle. Les débuts sont calmes, presque timides, les enfants dansent en cercles anarchiques, reproduisant les difficiles pas enseignés à l’école. Au fur et à mesure que l’ambiance chauffe, les femmes les rejoignent suivies par les anciens. Trois générations se tenant par la main, c’est beau. Puis, le rythme s’accélère et les hommes rentrent en piste. Nulle discrimination ! Les femmes restent dans la ronde. C’est simplement que sur ce tempo endiablé, la danse devient quasiment acrobatique et les pas, très complexes, forcément plus rapides.

Les heures passent, les cercles deviennent spirales tant l’affluence est grande. Des tables à la piste de danse le bonheur est communicatif, le spectacle est partout.

La lune descend derrière la montagne, les coqs n’osent pas interrompre la folle ronde. 6H30 les derniers convives finissent par se séparer. Les boites de nuit françaises annonçaient la fermeture par « Les lacs du Konémara ». Ici ils ne connaissent pas Michel Sardou, ce sont donc des coups de fusils qui préviennent de la fin. Des fois ce sont des AK 47 en rafales.

Le temps de ranger dans une organisation digne d’une fourmilière, tout le monde part se coucher. Vite, car à 7h30 sonne la messe de ce dimanche veille de 15 Août, impossible de la rater !

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