La politique anti-drogue extrême de Duterte aux Philippines

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Tuer quelqu’un tranquillement juste car on le suspecte de vendre de la drogue, c’est normal ? Pour Duterte, oui.

Avant d’être président des Philippines, Rodrigo Duterte a été pendant 19 ans maire de la commune de Davao sur l’île de Mindanao. Les élections du 10 mai 2016 ont été pour lui l’équivalent d’une sacralisationavec 39% des votes -, et pour nous, l’avènement de la connerie humaine. Si l’archipel de 7 100 îles dispose d’une ribambelle de plages à couper le souffle, la politique de Duterte pour éradiquer le trafic de drogue a déjà coupé la respiration de plusieurs milliers de Philippins soupçonnés de vendre ou de consommer de la drogue. Un peu plus de 2 692 personnes sont mortes à cause du trafic de drogue depuis son élection le 10 mai 2016.

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Entre 1998 et 2008, Rodrigo Duterte travaillait déjà à la mise en place d’une politique très stricte à l’égard des trafiquants et usagers de la drogue : il souhaitait éradiquer totalement la drogue des rues. Dès son élection en 2016, il a annoncé au peuple Philippin « l’obligation » de chacun à s’investir dans cette lutte acharnée. Comment ? En pouvant choisir de tuer une personne suspectée de vendre ou consommer de la drogue. Et oui, n’importe qui peut pointer son arme sur le front d’un simple suspect, sans aucune preuve. Classe.

Si le Times le surnomme « The Punisher », c’est bien car il a tout d’un dictateur. Punchlines macabres et incitations à la violence à l’égard d’autrui, Duterte invite tout bonnement les citoyens à se lancer dans ce que l’on pourrait bien appeler une guerre civile.

Vous, les dealers, les braqueurs et les vauriens, vous feriez mieux de partir. Parce que je vais vous tuer.
annonçait-il lors d’un discours en 2016

Bonne nouvelle pour les associations de lutte pour les droits de l’homme : certaines personnes refusent de laisser passer ce type d’actes complètement inconscients et immoraux. Agnès Callamard est rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extra-judiciaires, et a rendu visite à notre cher Papi Duterte il y a quelques jours. Le 5 mai 2017, elle était à l’Université des Philippines à Diliman, et participait à un forum sur les politiques de lutte contre la drogue. Elle a alors annoncé publiquement le rejet de la politique pratiquée par Rodrigo Duterte,

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Agnès Callamard

La « guerre contre la drogue » ne fonctionne pas. J’ai entendu les témoignages des parents des victimes, j’ai vu le travail courageux des acteurs de la société civile, des avocats, des défenseurs des droits de l’homme, des universitaires et des sénateurs. J’ai écouté des débats entre hommes politiques, les explications des responsables gouvernementaux et j’ai aussi vu des images des policiers et des militaires, et tous disent qu’il y a d’autres solutions, des solutions meilleures.
affirme A. Callamard lors de sa visite aux Philippines

En effet, Agnès Callamard souhaite enquêter en profondeur sur les violations des droits de l’homme commises dans le cadre de la lutte contre la drogue mise en place par le gouvernement de Rodrigo Duterte; ce qui ne lui fait clairement pas vraiment plaisir. La rapporteuse de l’ONU a très rapidement été attaquée sur Wikipédia et Twitter, le président Philippin répondant maladroitement par l’offensive en affirmant lancer une protestation à l’ONU pour cette visite « surprise« .

C’est une honte car l’objet du forum est d’ouvrir le dialogue pour proposer de nouvelles manières de combattre la drogue dans le pays… Ce devrait être cela, le sujet principal. Pas moi.
a répondu A. Callamard

Sources : Lapresse.ca & Abs-Cbn.com

Elisa Barbier

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