Bastons, scooters et pilules, les mods, emblème d’une subculture des 60’s

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Les mods, subculture à base de rivalités contre les rockeurs

Popularisés par le film Quadrophenia réalisé par Franc Roddam, les mods sont l’emblème d’une subculture britannique du début des 60’s.

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Ces bandes de jeunes dandys se forment dans les grandes villes à partir de la fin des 50’s mais font parler d’eux dans les médias à partir de la fin de l’année 63. Ces jeunes issus de la middle et de la lower middle class ne sont pas réellement en marge de la société car ils ont souvent un emploi, s’habillent de manière classieuse, mais vivent et se reconnaissent à travers leur communauté ayant leurs propres codes. Ce n’est pas la classe sociale qui prédomine dans ces bandes mais le mode de vie qu’ils mènent. Leur tenue vestimentaire est un élément crucial de l’identité esthétique des mods. Ils consacrent un budget conséquent à l’achat de costumes élégants, de cravates assez chics, de chaussures classes et de parkas kakis des surplus de l’armée américaine sur lesquelles certains cousent le drapeau Union Jack. Ils font aussi très attention à leur coupe de cheveux. Le plus gros élément de leur budget, indissociable de la subculture mods, est le scooter équipé de plusieurs rétroviseurs. Dans les 60’s, un scooter neuf vaut de £100 à £400 avec tous les accessoires.

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En journée ils occupent généralement des postes de comptables, d’employés de banques, de vendeurs, de livreurs, ou encore de secrétaires, ce qui leur rapporte une moyenne de £11 par semaine. Le soir, comme les Teds, ils se réunissent dans des coffee bars, leurs nuits sont consacrées à aller danser dans des clubs ou à assister à des concerts. Quand les beaux jours montrent le bout de leur nez, les week-end, des hordes de mods en scooter affluent sur les routes britanniques pour profiter des stations balnéaires bien trop tranquilles du Sud du pays, dans lesquelles ils se battent contre les rockeurs qu’ils y rencontrent.

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En 1964, les médias relatent des violentes bagarres qui opposent les mods aux rockeurs. Une virulente campagne de presse lancée par le Sunday Mirror éclate en avril et mai 1964. Elle dénonce la violence des mods et leur consommation de drogues. La police descend souvent au Scene Club à Soho, ou au Beat City sur Oxford Street à Londres, ou encore au Twisted Wheel de Manchester, car ces lieux sont fréquentés par les mods qui s’y battent régulièrement et y vendent weed, excitants comme les amphétamines, et barbituriques. Ils sont fermement condamnés quand ils sont jugés car ils sont considérés comme une jeunesse déviante à remettre dans le droit chemin. Ces mesures les poussent au contraire à renforcer leur communautarisme. Toujours la même année, la police montée charge et matraque les mods sur la plage de Brighton.

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Au niveau de leurs goûts musicaux, ils écoutent essentiellement de la musique afro-américaine comme le blues, le rhythm and blues, la Northern Soul, le modern jazz, ainsi que le ska jamaïcain. La musique qu’ils écoutent leur permet d’affirmer leur identité de jeunes modernes. Danser dans les clubs est un point primordial de la culture mod. Leurs goûts musicaux les démarquent des bandes rivales que sont les rockeurs. Ces derniers sont eux aussi des bandes motorisées mais équipées de grosses cylindrées. Habillés de cuirs noirs et chaussés de bottes, ils sont plus ou moins l’antithèse des mods sur tous les éléments représentatifs de leur mouvement. Majoritairement prolétaires, les rockeurs descendent des Teddy Boys. La presse les décrits généralement en tant que xénophobes tenant des propos racistes vis-à-vis des immigrés.

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On te laisse sur une interview de Peter Townshend, le guitariste des Who, dans le magazine Rolling Stone de septembre 1968 :

Une des choses qui m’a fait le plus d’impression dans la vie, c’est le mouvement mod en Angleterre, qui a été quelque chose d’une incroyable vitalité. C’était un mouvement de jeune bien plus important que les hippies, l’underground et tous ces trucs-là. C’était une armée, une armée puissante et agressive de teenagers motorisés – ah! ces scooters, mon pote! – qui avaient une façon bien à eux de s’habiller […] Ils étaient dans le coup, à la mode, corrects […] On pouvait aller travailler dans une banque, habillé comme ça. On battait les bourgeois sur leur propre terrain. En nous voyant, ils se disaient : « Tiens, ça c’est un type qui se présente bien ». Pour être un mod il  fallait avoir les cheveux bien coupés, suffisamment d’argent pour s’acheter un costume vraiment chic, de belles chaussures, de belles chemises. Et il fallait aussi savoir danser comme un possédé. Il fallait disposer de tout un tas de pilules et s’en mettre jusque par-dessus les yeux. Il fallait avoir un scooter couvert de phares et un parka de l’armée pour faire du scooter. Être mod, c’était ça, et pas autre chose.

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