Le bouddhisme à l’occidental: secte ou religion?
Le bouddhisme ça t’évoque quoi? Une foule de prêtes tibétains, toges couleurs vives, position Lotus, priant pour la paix dans le monde. Une sérénité intérieure, l’harmonie dans la complétude avec Mère Nature et un sens du pacifisme sans égal. Le bouddhisme, c’est LA religion qui place la compassion et l’amour au centre de sa splendide philosophie, loin de l’individualisme de la société capitaliste. Bon ba ça, c’est la version tibétaine.
Le remake à l’occidental, lui, est beaucoup moins vendeur… Abus sexuels, business déloyale, emprise psychologique ou violences physiques… On est loin de la doctrine du dalaï lama. Cette version, forcément très controversée, on la doit à Sogyal Rinpoché, l’un des plus célèbres vulgarisateurs du bouddhisme en Occident. Considéré comme un imposteur, le maître défend sa doctrine de la « folle sagesse« .
La « folle sagesse »
Sogyal Rinpoché, né dans les 50s au Tibet, débarque en Europe dans les 90s et se fait connaître en publiant Livre tibétain de la vie et de la mort. Pourtant, l’oeuvre en question a été écrite par deux de ses disciples… Passons le plagiat, ce n’est pas le sujet. A la tête d’un réseau de « centres du dharma » en France, Rinpoché a réuni des milliers de disciples. En 2008, le dalaï lama en personne a même béni son temple Lérab Ling dans l’Hérault aux côtés de Carla Bruni, Alain Juppé, Rama Yade ou encore Bernard Kouchner…
Pourtant, une récente enquête et de nombreux témoignages montrent comment il a détourné la religion la plus pacifiste au monde en secte où tous les abus sont permis. C’est ce que révèle le livre de l’anthropologue Marion Dapsance, Les dévots du bouddhisme, paru en septembre dernier: une enquête de 7 longues années qui fait froid dans le dos. Le fake « dalaï lama » aime vivre comme une star, se faire préparer ses repas ou délivrer ses enseignements depuis un trône… En bref: un gourou en tatanes. Des témoignages rapportent aussi de violentes humiliations en public accompagnées de coups ou de remarques racistes, du genre « Heil Hitler » pour s’adresser à un disciple allemand. Sans parler des dons en liquide, des frais d’adhésion ou des tarifs des cours très élevés… Un vrai business lucratif.
« Ferme la porte à clef »
L’imposteur aime aussi la compagnie. Il se fait entourer de jeunes filles appelés les « dakinis », des femmes sensées l’aider dans ses révélations. Mimi, était l’une d’entres elles, disciple dès l’âge de 14 ans:
Il exerçait une autorité morale sur nous. Si on lui résistait, le karma de toute notre famille en pâtirait… Aujourd’hui, tout ça me semble ridicule. Mais on était influençable.
Comme dans une secte, on lui dit qu’elle est une princesse, quelqu’un de spécial et d’indispensable. Ainsi, elle devient vite la plus proche assistante du despote, dispo 24/24h. Elle confie avoir été une bonne à tout faire – repas, transports, nettoyage, lessives – et aussi une « maitresse« .
Un jour il m’a dit: ferme la porte à clef.
Consentante oui, si on oublie le lavage de cerveau au préalable qui pousse ces jeunes femmes endoctrinées à s’exécuter dans une confiance absolue. Après le premier rapport sexuel, viennent les menaces et l’interdiction d’en parler. Mimi a pu finalement s’enfuir et confier son témoignage à l’anthropologue. Le dalaï lama, lui, n’a pour le moment pas réagi au récit sulfureux… Comme nous, il doit avoir encore du mal à y croire.
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