De la subversion à la contre-culture
Pour une personne noire, s’habiller peut s’avérer être un geste politique. Dans certains cas, l’apparence peut devenir sujet de vie ou de mort comme en témoigne les bavures policières aux États-Unis. Le jeune Trayvon Martin a été assassiné par Georges Zimmerman pour » un regard suspect sous sa capuche ». Ce fondement a donné l’idée à Ekow Eshun de faire une exposition, « Made you look »: Dandyism and Black masculinity, des « sapeurs » malien au culte vestimentaire congolais. Elle se tient actuellement jusqu’au 25 Septembre dans la galerie photographique de Londres.
Les noirs sont simultanément visibles et invisibles dans la société selon Eshun. Il explique que historiquement, « se saper » est une manière de contrer les stéréotypes sur la communauté, de montrer qu’on est propre sur soi.
Pour la petite histoire, Ekow Eshun, journaliste ghanéen est entré dans l’histoire en devenant le premier homme noir à prendre la tête d’un magazine de lifestyle britannique, Arena, qui a aujourd’hui disparu. Cette exposition lui tient particulièrement à coeur car elle est le fruit d’expériences personnelles. Celles de se voir contrôler par la police sans raison apparente, celle de s’assoir dans le tube londonien et de voir les mamies serrer fortement leur sac à main.
L’exposition Black Dandyism a pour but de montrer que par le fait de bien s’habiller, ils contredisent les stéréotypes et se rebellent politiquement contre les idées reçues. Eshun explique que l’essence du dandysme noir est de se défaire des attentes qu’ont les gens sur comment un noir doit paraitre et s’habiller.
Les clichés remontent pour les plus anciens au début du XX e siècle, prise dans les cafés de Bangui, les townships de Soweto. Ils montrent la communauté noire en pleine émancipation vestimentaire, subversive et fière de son apparence.
Le dandysme inspire depuis les contre-cultures et les sous-cultures en tout genre. De la mode à la musique. En témoigne les Rude Boys, mouvement né en Jamaïque dans les années 1960 qui a ensuite envahi la Grande-Bretagne dans les années 1970. Ils sont reconnaissables par leurs costumes bien taillés, les chemises cintrés et les cravates fines.
À l’arrivée du Ska, il était commun d’appeler rude boys les fans de cette musique. Issue d’une envie de révolte et de subversion, les rude boys deviennent source d’inspiration du ska punk, du punk et des clash (qui feront le titre Rudie can’t fail) avant d’inspirer les mods et la sous-culture skinhead même si on explique pas comment on passe du costume sur mesure au blouson cuir noir. Mais dans tous les cas, comme Eshun le dit si bien, le dandysme et les habits sont des choses superficiels mais qui transcende la politique quand ils forgent l’identité.
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