Je suis allée au Salon de l’Agriculture et j’ai tout oublié
Bon, je ne suis pas le genre de fille à s’extasier devant une vache à la robe soyeuse ou devant un cochon mi rose – mi noir qui se cherche encore mais j’ai toujours rêvé d’aller au Salon de l’Agriculture.
Toute ma vie, chaque année, j’ai regardé le journal régional de France 3 ou même celui de Jean Pierre Pernault si j’étais dans un bon mood et je me suis tapée Chirac, Sarko et Hollande à moitié bourrés au stand martiniquais, avec une seule envie : faire la même chose.
Alors, pour Open Minded, j’ai remonté mes manches, enfilé mes bottes en caoutchouc et entrepris le périple de ma vie pour atteindre la Porte de Versailles et les légendaires pavillons du Salon de l’Agriculture.
Ironie du sort, j’y suis allée le même jour que Sarkozy mais j’ai pas eu l’opportunité de trinquer avec, entre les vaches et les taureaux de l’éleveur normand. Too bad, mais ça m’a pas sapé le moral pour autant – y avait plus intéressant à boire. A voir, pardon.
Le vin rouge de Michel, viticulteur de père en fils depuis 1876 m’a fait mal au crane pour l’année à venir – mais il était délicieux, loin de la piquette que je m’enfile tous les samedis pour (pas) perdre la face.
Huit pavillons plus grands les uns que les autres, le dilemme commence dès l’entrée : par où commencer ?
Je voulais garder le meilleur pour la faim alors j’ai entrepris d’aller voir les chiens et les spectacles canins qu’on voit que dans les films du dimanche entre 15 heures et 17h sur TF1 – et j’ai compris pourquoi.
Ils sont beaux, obéissants et bien dressés mais, qu’on se le dise j’ai toujours préféré les chats – je m’ennuie cruellement.
Puis, c’est pas le tout mais le temps passe , il est 11h30, l’heure de l’apéro national et je ne compte vraiment pas vexer tous ces fromagers prêts à me faire déguster le fruit de leur travail.
J’ai une grande passion dans la vie : le comté.
Affiné 6 mois, 18 mois, 36 mois – à la tomate, au piment, au pesto – je les ai tous goûté , je les ai tous aimé… et je les ai presque tout acheté. 40 balles de comté autant vous dire que mon compte en banque a autant souffert que mon foie lors de ce Salon de l’Agriculture mais je ne regrette rien.
J’ai aussi testé la barquette de brie fondant sur son lit de pomme de terre et le camembert à la truffe – bref, j’ai épuisé le rayon fromage, puis je me suis dirigée vers celui de la charcuterie – je voulais pas faire de jaloux.
L’amour est plus fort que tout, j’ai dû boycotter les stands de porc et ne me demander pas comment, je me suis retrouvée devant le seul stand de charcuterie d’autruche.
Je n’étais pas hyper emballée par l’idée de déguster de la terrine d’autruche alors que l’une d’entre elle était entrain de me mater à travers les barreaux de sa cage mais faut dire que c’est une tuerie, cette terrine et le saucisson aussi – surtout le poivré. Je suis venue, j’ai vu, j’ai vaincu.
Après deux, trois tranches de foie gras supplémentaires, j’ai bien mangé mais je suis déshydratée : il est temps d’aller au bar. Quitte à être dans le palais de la bouffe à la française, autant se prendre une petite binche d’un vrai brasseur de chez nous, je teste la bière au miel.
Je ne dirais pas que c’est le meilleur demi de ma vie- je cherche encore le goût de miel -mais je ne suis pas vraiment capable de faire la différence entre une Heineken et une 1664 donc faut pas m’en vouloir.
Il est 14 heures, c’est le moment d’aller explorer LE pavillon, celui qui héberge les vaches et les taureaux que j’ai repéré dimanche dans Sept à Huit.
Tout de suite, l’odeur de ferme – âmes sensibles s’abstenir- me prend au nez. Plus de doutes possibles, je suis bien au Salon de l’Agriculture, dans toute sa splendeur. 33 races de vaches et 12 de taureaux plus tard, j’ai réussi à prendre un selfie sans me faire encornée et j’ai eu le temps de constater que les taureaux étaient certainement les bovidés les mieux montés du monde.
Après un tour rapide chez les moutons et autres chèvres alpines, j’ai chaud, j’ai soif et je me retrouve par le plus grand des hasards devant l’immense espace réservé aux régions. Je suis née à Reims, Champagne- Ardennes et je compte bien déguster chaque champagne et autres ratafias qui s’offrent à moi pour faire honneur à ma terre natale.
Il y a rien de meilleur que le champagne (et le comté.)
Trop de bulles ne tueront jamais les bulles mais je suis aussi à moitié chti et je me devais d’aller leur rendre visite. Par pur patriotisme régional et pour faire plaisir à mes oncles et tantes, tous agriculteurs – ou presque- je m’offre des bêtises de cambrai à m’en casser les dents.
Et puis, j’ai vécu en Corse assez de temps pour que ça change littéralement ma vie et c’est timidement et le cœur beaucoup trop serré pour avaler quoi que ce soit que je vais silencieusement leur rendre hommage en achetant deux bouteilles d’huile d’olive de Balagne que je n’utiliserais jamais.
Beaucoup trop d’émotions en trente minutes, c’est le moment de répondre à l’appel de la dame créole qui chante très fort de l’autre côté du pavillon pour que je la rejoigne. Toujours dans cette optique de ne vexer personne, je m’en vais goûter les rhums de nos chers départements d’Outre- Mer.
Bon, je n’aime pas le rhum.
Je suis une petite joueuse en matière d’alcool – dès que ça dépasse les 20 degrés, je ne peux pas – c’est beaucoup trop fort mais il faut savoir se faire violence. Le premier « shot » me fait l’effet d’un anesthésiant, je ne suis pas sûre de survivre et puis un deuxième verre rayon Antilles et un troisième au stand guyanais , QU ‘ON M’APPORTE LA BOUTEILLE D’ UN LITRE.
Il est 16h30, j’essaye tant bien que mal d’améliorer mon état en goûtant toutes les confitures à base d’ananas et de papayes des îles mais rien n’y fait : je suis morte dans le film.
Après un court adieu aux vaches et autres bovins, je tire ma révérence et m’engouffre vers la sortie.
J’ai chaud, j’ai mal et je me retape la ligne 12 en prenant tant bien que mal des notes de mon périple pour pouvoir écrire ce reportage.
A ce moment-là, je n’ai aucune confiance en ma mémoire beaucoup trop amochée par ma visite éclair des DOM -TOM et je me fais la promesse, pour l’année prochaine, de commencer mon exploration du Salon de l’Agriculture, par la fin.
Anne Sophie Parmentier
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