Les gamins du Bronx racontés en photos : entre violences désinvoltes et amours sauvages
Le livre aurait presque pu être naïf s’il n’y avait pas eu cette violence sous-jacente. Avec Bronx Boys publié en 2011, le photographe Stephen Shames nous plonge dans un récit sur lequel il a travaillé plus d’une vingtaine d’années. Le photo-reportage commandé en 1977 par le magazine américain Look, l’oblige à suivre les enfants désœuvrés du Bronx, l’un des quartiers les plus mal famés des Etats-Unis à l’époque.
« Pour moi, cet ouvrage est un album de famille« , explique-t-il au site FotoEvidence. « Il ressuscite la mémoire des morts et rend hommage à ceux qui m’accompagnent encore. J’espère que les gens reviendront sur leurs a priori à propos du Bronx. Qu’ils y verront la tendresse, l’amour et l’esprit de famille, pas seulement la brutalité et la drogue. »
120 photographies prises en Noir & Blanc nous donnent un aperçu de cette ville dans la ville de New York avec ses propres règles, sa propre justice et sa propre conception du bonheur. Sur le papier glacé, des visages souriants, des roulages de pelle décomplexés, des accolades entre frères et puis le détail qui tue littéralement. Car en voulant montrer les vraies émotions du Bronx, le photographe ne peut pas cacher les traces de pauvreté, de mal-être et d’insécurité.
Des moments capturés sur le vif qui sont parfois la seule trace visible du passage de certains aujourd’hui en prison, morts ou disparus. Des armes tenues avec la nonchalance d’une jeunesse encore candide, si vivante et qui ne se rend pas forcément compte de ce qu’elle vit mais qui pourtant s’en satisfait. Ces clichés aussi bruts qu’un diamant à peine extrait de sa roche, sont un bel hommage rendu par Stephen Shames.
« J’étais attiré par leur énergie. Je le dis dans mon introduction : ‘Le Bronx possède une beauté terrifiante -rude et désolée- comme le désert.‘ Au premier coup d’œil, tu te demandes qui pourrait survivre ici. Et puis tu remarques la vie grouillante : les gens s’adaptent, survivent et prospèrent dans ce paysage urbain lunaire, ponctué de plaisirs fugaces et d’espoirs déçus. »
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