Street art de l’ombre en Iran
L’Iran est connu pour ses interdictions insensées. Un footballeur iranien vient de se faire suspendre 6 mois pour avoir porté un pantalon Bob L’Eponge. L’icône, un symbole parmi tant d’autres de la suprématie américaine n’est pas très apprécié en République Islamique d’Iran. La musique non traditionnelle (souviens-toi du film Les Chats Persans), les contacts physiques en public, le Coca-Cola sont également interdits. Les femmes sont encore plus durement touchées par ses lois, elles ne sont pas les bienvenues dans les stades par exemple.
Qu’en est-il au niveau de l’art de rue ?
Seules les images alimentant la propagande du régime sont autorisées. Des oiseaux, arbres pastel, portraits de politiciens sont tolérés pour embellir la ville. L’artiste Mehdi Ghadyanloo peint de gigantesques fresques grâce au financement de l’Etat. Bien sûr, aucun message dérangeant ne transparait dans les peintures de façades.
Le street art souterrain est considéré comme un crime, heureusement quelques artistes bravent les interdits en critiquant le pays et son régime politico-sociétal tenu d’une main de fer. Les courageux deviennent paranoïaques à chaque fois qu’ils franchissent la porte pour pénétrer le monde extérieur, de peur qu’une patrouille ne les arrête. Leurs efforts sont considérables, ils doivent trouver le meilleur spot pour que la population s’imprègne quelques instants de leur nouvelle œuvre avant que les autorités ne la recouvrent quelques heures plus tard.
Certains artistes ne supportent plus la pression. C’est le cas des deux frères Icy & Sot exilés à Brooklyn. Mais d’autres restent et résistent.
L’exemple le plus frappant est celui de l’artiste Black Hand. Obligé de garder son identité secrète pour des raisons de sécurité, il est considéré comme le Banksy iranien. Son art provocateur met en exergue un message de paix et non de protestation chaotique.
Son ouvrage le plus viral est le portrait d’une femme iranienne revêtant le maillot de l’équipe nationale et brandissant un liquide vaisselle comme une coupe de football. Recouverte par de la peinture rouge vive, Black hand l’a peint après l’interdiction en juin 2014 pour les femmes d’entrer dans les stades, qui devraient rester, selon la politique du gouvernement, à la maison faire la vaisselle. Certaines sont même obligées de se déguiser en homme pour entrer dans l’enceinte. Le film Hors Jeu de Jafar Panahi sorti en 2006 met en lumière ce refus incongru.
Si tu souhaites en découvrir plus, un documentaire sur le street art en Iran Mutiny of colours sortira cette année.
Solenn Cordroc’h
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