Comment j’ai cramé toutes mes économies en une soirée

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Comment je suis passé de pauvre avec de l’argent de côté à très pauvre

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Je n’ai jamais été un gros buveur. Mais une fois mon bac décroché j’ai décidé de quitter le nid pour mes études, direction : Toulouse ou « le lieu de ma mutation« .

En école de commerce, c’est un fait avéré, on boit. Mes débuts dans le game étaient assez pathétiques même si je dois avouer que je n’étais pas peu satisfait de mes performances de débutant.

Rapidement, je me suis fait une bande de potes. Au bout de quelques mois, je commence à avoir une descente correcte pour mon niveau, bien que je ne faisais clairement pas le poids face au reste du crew. Puis un soir, j’ai découvert mes limites et le démon qui sommeillait en moi.

Pour remettre les choses dans leur contexte, juste avant de partir j’ai reçu, sur un autre compte en banque, un peu d’argent qu’avait mis de côté pour moi, mon grand père. Il y avait 1300 euros exactement et c’était à utiliser en cas d’extrême nécessité.

Nous sommes jeudi, il est 17h. Avec 8 de mes potes on décide d’aller dans le bar où on passe le plus clair de notre temps. On connait tout le monde là-bas. Des serveurs aux clients en passant par le livreur. La soirée commence, je prends une bière. puis d’autres. Je m’emballe vite et finis par demander à Antoine (le serveur) de me faire goûter des cocktails et shots que j’avais jamais testé. Problème, je n’ai pas d’argent ni le droit au découvert. Pour ne pas payer des agios, je me dis « mais attends ! Je peux retirer des sous de mon autre compte « . Entre le moment où cette pensée me traverse l’esprit et celui où je suis sur la route de la banque il se passe 4 secondes. Mon démon intérieur venait de se réveiller.

Il est 17h45 – environ, les gens sont dans les rues et moi déjà bien allumé. Je pars à la banque et évite tout contact avec un être non alcoolisé. Je retire 70 euros en me disant que ça suffira LARGEMENT.

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Crédit photo : Chris Jackson/Getty Images

Heureusement – ou pas –  la banque est JUSTE à côté et les bornes sont ouvertes jusqu’à 10 heures. Je retourne au bar et je reprends un shot, un deuxième, je lui demande de me montrer le truc avec la crème – White Russian – puis celui à la tomate – Bloody Mary – j’enchaîne en offrant une tournée de shot de vodka à mes potes, puis un dernier cocktail. Au moment de payer.. plus un rond. Il est 20h. Je peux encore retirer. Je prends 90 euros.

C’est reparti, je bois, je mange des cacahuètes, je dis à Antoine que c’est mon meilleur ami et je commence doucement à sombrer. Je tombe plusieurs fois mais continue à sourire comme un décérébré. À ce moment là, je n’ai qu’une envie : continuer à boire. Je prends une bière pour me calmer un peu, j’ai l’impression de boire de l’eau. J’en reprends une.

Alors que j’ai la sensation de m’être un peu calmé je décide de prendre une des décisions les plus stupides encore jamais prises : je veux faire comme dans les films et payer une tournée à tous les gens qui sont dans le bar –  ça paraît gros, mais je vous jure que c’est vrai. Il y a environ 30 personnes, pas plus et heureusement. En tout j’en ai pour 152 euros. Ça me parait honnête. Sauf que j’ai que 30 euros et la flemme ultime d’aller retirer. C’est alors qu’une pensée me RE-traverse l’esprit : j’ai l’application de ma banque, je peux faire un virement sur mon compte courant depuis mon téléphone. Je mets 200 euros et je paye par carte la tournée générale.

À 21h j’avais déjà pris – 70 + 90 + 200 –  360 euros . 

On décide de quitter le bar après ce coup de folie, mes potes commencent à se faire du souci pour moi et ce que je suis capable de faire. Les premiers signes du vomi se font sentir. J‘ai le hoquet, je transpire et j’ai un oeil qui regarde mes pieds et l’autre mes épaules. Là, on est tous dans un état bien sheitan et on se dit qu’on se pèterait bien un restau. De la bonne viandasse ? Il y a un lieu pour ça : le PICOTIN.

Un restaurant où on mange avec les doigts des tonnes de viandes différentes. Au repas, je suis à l’eau mais encore complètement bourré. À 23heures, j’ai mangé comme un ogre, bu 1litre d’eau et ça va mieux. Tellement mieux que je prends dans une des bouteilles sur la table, un verre de vin rouge. À minuit, le deuxième apéro fait effet et mon vieux démon son grand retour.

C’est l’heure de la note. Imagine une tablée de 8 mecs, bourrés, qui reçoivent une note de 354 euros. Bah au lieu de se dire que la soirée part en couille, on décide de jouer à celui qui payera l’addition au shi-fu-mi. J’y échappe, mais pas mon meilleur pote. Je connais l’était de son compte, je sais qu’il ne peut pas payer et alors qu’il était partant, je décide de reprendre mon téléphone magique de me faire un nouveau virement de 400 euros et payer pour lui. On s’arrange, il me promet de me rembourser. #BROCODE.

On sort du restaurant, je suis entre la dépression et l’euphorie. Je sais pas si je passe la meilleure ou la pire soirée de ma vie. On décide de tous aller boire un dernier verre chez un pote qui habite juste à côté.

Bilan mi-parcours. Il est 00h30 et j’ai pris – 360 + 400 – 760 euros.

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LE PICOTIN : Scène de crime

Chez mon pote on boit un coup, on se marre, la musique commence à se faire de plus en plus forte et nos verres de plus en plus corsés. Au bout d’une heure on appelle l »Apéro Toulousain » – Ils te livrent de l’alcool à n’importe quelle heure -. Sur les 8 il n’en reste plus que 5trois cavaliers nous ont quitté. On prend 3 bouteilles de whisky et 4 de coca. On divise, je paye ma part : 14 euros.

Je vous passe l’apéro n°3, mais 2h30 plus tard on se retrouve dans une boite miteuse de Toulouse. Pour faire passer le calvaire, on prend deux bouteilles soit 500 euros à 5. On fait un pacte avec mon pote : je lui avance tout ce soir et il me rendra après. Je paye 200 euros en continuant tant bien que mal à faire ce foutu virement. La soirée se passe, je vous épargne les détails mais c’est épique. À 5h45 on part.

Je suis soûl, je prends un taxi, 19 euros, mais franchement à ce moment là de la soirée j’en ai plus rien à foutre. Arrivé dans mon lit je pue la transpi, la viandasse, j’ai la langue marron, le tee-shirt tâché de jus de viande et putain ça tourne. C’est comme si toutes les soirées que j’avais évité quand je vivais chez mes parents s’étaient réunies en une. Je vais faire un tour aux toilettes, je vomis. C’est un carnage.

Je m’endors évidement sur la cuvette.

À 9h, je me réveille dans les toilettes et transporte mon corps dans mon lit. À 16h, j’émerge vraiment et là, ça fait très mal. En essayant de remettre bout à bout l’ensemble des évènements de la soirée je réalise que j’ai dépensé presque 1000 euros.

Au fur et à mesure du reste de cette journée de merde, je me sens vraiment mal psychologiquement et physiquement et à 19h30 c’est officiellement le pire moment de ma vie. Mon grand père m’appelle pour s’assurer que je vais bien – bof – que j’ai bien reçu son argent – malheureusement oui – et rigole en me disant qu’il compte sur moi pour ne pas tout dépenser – bah si. À ce moment là, j’hésite entre le coma à durée indéterminée, le suicide ou le changement d’identité. Mon vieux démon me fait un fuck au loin et moi j’suis comme un con. La pire journée de ma vie.

Ah oui et pour info, cette histoire date d’il y a deux ans et j’ai toujours pas revu les sous que j’avais avancé cette soirée-là à mon pote. Donc Pierre M*z**t, si tu lis ça, t’es un e****é.

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