Lola Pulido : la vie d’une esclave moderne
Alex Tizon met à nu sa vie de famille
Alex Tizon, grand journaliste d’origine philippine, a remporté le prix Pulitzer en 1997. Il est mort à 57 ans d’une crise cardiaque. Il a passé les 6 dernières années de sa vie à écrire au sujet de Lola. Eudocia Tomas Pulido, de son vrai nom, était une jeune femme philippine, de 18 ans, qui a été « offerte » en cadeau à la grand-mère d’Alex et qui a servi la famille pendant plus de 50 ans.

Lola a vécu dans la famille d’Alex pendant 56 ans. Elle l’a élevé, lui et ses frères, elle a nettoyé et rangé la maison, elle était au service de ses parents. Tout ça sans jamais toucher un sous. Elle s’est pliée aux ordres de la famille et elle n’a pas toujours été bien traitée. Ce n’est qu’à 11 ans que Alex Tizon a réalisé qui était vraiment Lola pour sa famille : une esclave.
Des années après, il a décidé d’écrire un article sur elle. Son œuvre a été publiée posthume dans la revue The Atlantic. Dedans il raconte le quotidien de Lola, qui elle était, pour sa famille, pour lui et comment ses parents se comportaient avec elle…


Il explique dans son article que Lola les avait suivis au Etats-Unis (non par choix) et qu’elle avait passé la moitié de sa vie là-bas, loin de sa famille. Sa journée commençait avec celle de tout le monde et se terminait après le coucher de toute la famille. Dans l’article publié dans The Atlantic, de nombreuses anecdotes sont données, montrant la relation qu’entretenait la famille avec la jeune femme. Les parents de l’auteur ne la rémunéraient pas et pourtant ils ne cessaient de la réprimander.
Pour le voisinage, la famille Tizon était une « famille d’immigrés modèle », personne ne connaissait réellement l’identité de Lola et qui elle était vraiment pour la famille.
« Une esclave moderne » et c’est bien sur ces termes, qu’insiste le journaliste dans son article poignant. C’est son frère Arthur, qui lui a fait voir la vérité en face,que Lola n’était pas juste une femme gentille qui les élevait et les aimait, c’était une esclave. Et que ce n’était pas normal.

Après le décès de sa mère en 1999, à la suite à d’une leucémie, Alex a emmené Lola vivre avec lui et sa famille dans le nord de Seattle. Il voulait lui offrir un toit, de l’argent, de l’amour, essayer de lui rendre sa liberté… Mais Lola avait tellement été habituée à sa vie d’esclave qu’elle a continué à se comporter tel quel. Il écrit dans The Atlantic : « J’avais une famille, une carrière, une maison dans la banlieue, le rêve Américain, et puis j’ai eu une esclave. »
Finalement, Lola est devenue un membre de la famille d’Alex (même si elle l’a toujours été pour Alex) mais cette fois, sans le statut d' »esclave ».

On peut retrouver l’intégralité de l’article d’Alex Tizon (en anglais) sur le site du journal The Atlantic (avec un document audio en plus)