Marines de l’Espace et « plus grand piratage militaire de tous les temps » : histoire d’un chômeur de Londres
19 mars 2002, Londres, 8h du matin.
Un fourgon de la police britannique de la répression des délits informatiques débarque chez Gary McKinnon, perquisitionne tout son matériel, et l’emmène dans une salle d’interrogatoire dans la foulée. Il va subir un entretien musclé durant plusieurs heures. De suite, il jour cartes sur table, étant donné que toutes les informations qu’il avait récoltées sont sur son ordinateur. Il reconnait avoir infiltré pendant près de deux ans les systèmes les plus sécurisés du gouvernement américain. Pourquoi il a fait cela ? C’est très simple : il soupçonnait le gouvernement américain de cacher des informations sur la vie extraterrestre, ainsi que d’avoir une technologie extraterrestre. Il leur reprochait également d’avoir eu des rapports secrets et rapprochés avec des OVNIs. Théorie du complot ? Ce n’est peut-être pas aussi simple … Récit de la vie d’un chômeur, qui passa ses nuits à pirater le gouvernement américain, pendant près de deux ans, ce qui lui valut d’être décrit par le Figaro comme « un homme qui ne se lave plus, vit en peignoir dans son appartement, perd son travail et que sa petite amie quitte ».
Gary McKinnon est un Ecossais né en 1966, qui a été accusé en 2002 par le gouvernement américain d’avoir effectué le PLUS GRAND PIRATAGE INFORMATIQUE MILITAIRE DE TOUS LES TEMPS ! Rien que ça. Pourtant, c’est un autodidacte, qui travaillait simplement à configurer Windows sur des ordinateurs, et qui n’avait qu’un Modem 56K à sa disposition (pour vous donner une idée, aujourd’hui la fibre optique propose des débits théoriques à 100 Mb/s, quand McKinnon pouvait jouir de 56 Kb/s, c’est-à-dire 0,056 Mb/s). Et malgré cela, il a réussi à infiltrer entre 2001 et 2002 certains des réseaux les plus sécurisés du monde, tels que l’US Navy, l’US Air Force, la NASA, le Pentagone ou encore la NSA, le tout depuis l’autre côté de l’Atlantique.
Comme dit précédemment, McKinnon reprochait aux Américains de cacher des informations, il s’est donc dit qu’on n’était jamais mieux servi que par soi-même, et qu’il n’avait qu’à aller vérifier ! BAH OUI. Mais avant de vous parler de ses découvertes, laissez-moi vous expliquer ses motivations. McKinnon grandit en Ecosse, le pays des mystères, et dès petit, il est passionné d’astronomie. Vers l’âge de douze ans, il aperçoit dans le ciel une lumière qui zigzague, puis disparaît. Ça n’avait ni l’air d’être un avion, qui aurait plutôt eu une trajectoire linéaire, ni un satellite, ni un météore. Il se trouve qu’en plus, son père avait souvent observé des phénomènes inexplicables (et inexpliqués) dans le coin, près de Bonnybridge où il habitait. C’est une ville d’Ecosse considérée comme la capitale écossaise des OVNIs, réputation qui a plus de vingt ans, puisque rien qu’entre 1992 et 1994, plus de 600 objets volants non-identifiés y ont été aperçus. Les années passent, et Gary est de plus en plus captivé – voire obsédé – par les OVNIs. Ça peut se comprendre, c’est le genre d’expérience qui peut bouleverser n’importe qui.
A 15 ans, il intègre Bufora (l’Association britannique de recherches sur les OVNIs). Il grandit, devient informaticien, et découvre le Projet Révélation. C’est un recueil de témoignages, provenant de 400 personnes, issus de différents corps de métier, tels qu’Edgar Mitchell, un astronaute ayant voyagé sur la Lune ou encore Mgr Corrado Balducci, théologien membre du Vatican et proche du Pape. Beaucoup des témoignages sont issus d’anciens employés, ou certains encore en activité, de la NASA et de l’US Navy et l’US Air Force. Le point commun de ces 400 témoignages est qu’ils affirment avoir vu, parfois même de très près, des OVNIs, ou des preuves de la vie extra-terrestre. Certains racontent même avoir pu observer des technologies extraterrestres (anti-gravité, énergies remplaçant les énergies fossiles …) exploitées par le gouvernement américain. McKinnon est particulièrement bouleversé par le témoignage d’une scientifique du Centre Spatial Johnson, Donna Hare, qui soutenait que le travail de certains de ses collègues était de gommer les OVNIs des photos de la planète Terre. Mais bon, j’arrête de vous laisser trépigner, passons aux découvertes de McKinnon.
Gary McKinnon a passé deux ans à visiter les dossiers des systèmes militaires américains, et la première chose qu’il a dite à propos de ceux-ci c’est qu’il n’y a pas grand-chose à y trouver. En effet, sur tout ce qu’il a vu, 99% du contenu était inutile. Mais ce qui nous intéresse, c’est le dernier pourcent qui reste. En s’introduisant dans le système de l’US Space Command (entité du Département de la Défense, chargé de commander l’armement nucléaire américain), McKinnon aurait visité un ordinateur content un fichier Excel au nom très intrigant. Ce tableau s’intitulait « Non-Terrestrial Officers ». Non, vous ne rêvez pas, il s’agit bien d’« agents non-terrestres ». Il a beau chercher partout sur le Web, il ne trouver rien pouvant s’apparenter à des agents non-terrestres. Il découvre sur cette feuille une vingtaine de lignes contenant des noms et des grades. McKinnon découvre sur le même système une autre feuille, contenant cette fois des transferts de matériel. Ces derniers y sont qualifiés de « ship to ship », donc « vaisseaux à vaisseaux », et de « fleet to fleet », de « flottes à flottes ». Rappelons que si on parle de « flotte », ça veut quand même dire qu’il ne s’agit pas de deux vaisseaux qui se courent après, mais bien d’une multitude de vaisseaux. McKinnon ne pense pas que ces « agents non-terrestres » se baladant dans des flottes secrètes soient des extra-terrestres. En réalité, la théorie la plus probable qu’il ait trouvée est que la Navy américaine était en train de constituer un corps de Marines de l’Espace, se déplaçant dans une flotte de vaisseaux utilisant une technologie extra-terrestre rétro-créée. « Rétro-créée », ça veut dire qu’elle a été fabriquée en utilisant des OVNIs récupérés sur Terre.
En se souvenant du témoignage de Donna Hare, Gary McKinnon décide de s’infiltrer dans le réseau du Bâtiment 8 du Centre Spatial Johnson, où elle travaillait. Il découvre sur un ordinateur du centre un dossier qui attire son attention, parce qu’il en contient deux : Processed Images / Unprocessed Images. Autrement dit « images traitées » et « images non-traitées ». Il entre dans le dossier dit « non-traité », et y découvre des images très, très lourdes ! Pour vous donner une idée, sur Open Minded on ne peut pas publier des photos de plus de 2 Mo, quand celles-ci pesaient 200 à 300 Mo ! Il se dit que ces images sont probablement très grandes, comme des images satellites par exemple. Comme sa connexion ne lui permet que d’avoir un débit de 56 kb/s au maximum, il lui aurait fallu 5 min pour afficher un seul Mo, donc une seule image … plus de 17 heures. Il a donc l’idée de réduire la résolution couleur de la machine dont il avait pris le contrôle, pour afficher cela plus rapidement. Malgré cela, ça allait prendre un temps énorme à charger. Il en choisit une au hasard, et l’image se charge de haut en bas, lentement, ligne par ligne, laissant apercevoir la planète Terre petit à petit et … au fur et à mesure, il voit très distinctement au premier plan un grand objet en forme de cigare, aux extrémités légèrement aplaties et avec des dômes sphériques au-dessus, en dessous, sur les côtés et les extrémités. Il raconte :
« Il n’y avait aucune soudure, aucun rivet, pas d’antennes télémétriques, rien du genre. Il est évident que ça ne ressemblait à aucun satellite que j’avais vus. Je suis accro à l’espace depuis l’âge de 14 ans donc j’en ai vu, des photos de satellite ».
A peu près aux trois quarts du chargement de l’image, McKinnon remarque que le curseur de sa souris bouge tout seul, et se déplace vers le réseau local … puis le ferme. En réalité, quelqu’un au Centre Spatial a dû repérer qu’un ordinateur était contrôlé à distance. C’est à partir de là que le gouvernement américain a pu remonter jusqu’à son adresse IP et son adresse physique au Royaume-Uni. Et plus tard, donc, il se fait arrêter par la police britannique. Mais cette dernière est plutôt clémente avec McKinnon. En effet, qui aurait pu croire ce qu’il dit avoir découvert. Ils lui annoncent qu’il devrait faire au maximum 6 mois de T.I.G. Sauf que les Etats-Unis s’en mêlent. Ils convoquent les enquêteurs anglais mis sur l’affaire, et quand ceux-ci reviennent, ils sont nettement moins sympas avec McKinnon. Ils ont une pression énorme sur les épaules, et McKinnon risque désormais d’être extradé aux Etats-Unis pour être détenu à Guantánamo pendant 70 ans. Selon eux, McKinnon aurait piraté plus d’une centaine d’ordinateurs de l’Etat, pour un coût de 800 000 $ de dégâts. McKinnon réfute totalement cette accusation, puisqu’il affirme n’avoir fait que visiter les ordinateurs en question en exploitant des failles déjà présentes, sans y causer aucun dommage. La question c’est pourquoi les Américains voulaient tellement qu’il soit envoyé en prison ? Aurait-il vu des choses qu’il n’aurait pas du ? Et surtout, beaucoup de gens doutent du fait qu’il ait tout révélé de ce qu’il a pu découvrir sur les sites secrets du gouvernement américain.
Aujourd’hui, après de nombreuses procédures judiciaires, McKinnon ne risque plus rien puisque le gouvernement britannique a annoncé en 2012 que pour des raisons de santé, il ne serait pas extradé. Quant à sa méthode, il la décrit lui-même comme extrêmement simple. C’est une technique nommée « exploitation de relations de confiance », qui consiste à infiltrer un ordinateur d’un « petit » site du gouvernement mal protégé, et d’utiliser l’adresse internet de cet ordinateur militaire pour se faire accepter sur les sites mieux protégés. On progresse de sites mal protégés à des sites mieux protégés, d’ordinateurs en ordinateurs. McKinnon a qualifié la sécurité des sites du gouvernement britannique et de la CIA comme ayant une sécurité excellente, à la différence des sites militaires des Etats-Unis.
« Un rapport officiel américain a encore récemment publié (2006, nda) un rapport dénonçant le très très bas niveau de sécurité fédérale. Je voyais les adresses IP se connecter à la machine, on pouvait trouver de quel pays elles provenaient. Je ne sais pas si elles correspondaient à des gouvernements étrangers. Cela aurait pu être Al-Qaïda, ou quelqu’un d’autre dans mon genre ».
Autrement dit, quatre ans après le piratage de McKinnon, la sécurité n’était pas améliorée. McKinnon déclare d’ailleurs que la plupart des ordinateurs n’avaient même pas de mots de passe, il n’avait donc rien à pirater, mais seulement à les contrôler. Il affirme même que si quelqu’un réutilisait sa méthode, il était fort probable qu’il puisse s’y introduire aussi facilement que lui. Quelqu’un est peut-être même en train de le faire, et pas avec un Modem 56K !
On termine avec une interview de McKinnon datant de 2006, pour le Projet Camelot, où il explique ses découvertes, ses méthodes d’infiltration, et ses procédures judiciaires, pour ceux qui veulent aller plus loin.
Damien Orsat
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