Au Japon, les Genderless boys contre les codes de la société

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Les Genderless boys brouillent les pistes et dénoncent l’absurde d’une société binaire genrée.

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Les Genderless Kei Boys s’amusent de ressembler à des jeunes filles.

La première fois que ces jeunes ont fait parler d’eux, c’était en 2015, lors de la Tokyo Girls Collection Autumn/Winter Fashion Show (l’équivalent de la Fashion Week au Japon). Des garçons ont défilé, affriolés comme des femmes et se dandinant avec une classe qui nous rappelle dignement celle de Vincent McDoom <3. Sauf que le fait que ces hommes défilent à la place des demoiselles n’est pas très bien accueilli.
Alors, c’est le buzz. Bien que le Japon regorge de tendances, styles vestimentaires et endroits des plus loufoques et insolites, le pays reste très attaché aux traditions et aux valeurs fondamentales que l’on peut qualifier de conservatrices. Ainsi, ces garçons fiers d’être aussi belles que des femmes ont mis un gros coup de pied dans la fourmilière en revendiquant un mélange des genres assumé et libre.

Et pour lire cet article, un peu de musique.

https://www.youtube.com/watch?v=HJCdcZ21WO8%20

Qui sont les Genderless Kei Boys ?

Eux, ce sont les Genderless Kei Boys, autrement dit les « garçons au style non-genré ». Tout est dit dans le nom de cette tendance sociale au-delà d’être vestimentaire : on veut casser les barrières entre les garçons et les filles en s’appropriant à sa manière les attributs vestimentaires et les codes propres au masculin et au féminin. Les Genderless Boys ont les cheveux colorés, se maquillent tous les matins et ont les ongles vernis, de même que leur dressing déborde de jupes, robes, petits hauts et autres collants. Sans oublier les lentilles de contact et la prohibition des demi-teintes dans la gamme colorée de leurs sapes. Ce n’est pas sans nous rappeler la K-pop coréenne, musique pop et populaire en Corée caractérisée par ses chanteurs qui interprètent des femmes. On retrouve aussi dans le Genderless Kei l’influence direct de la mode Kawaii japonaise, bercée par le manga, les petits personnages so cute et les petits chats.

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Peey

Travestis, trans-genres, homosexuels, ou juste avant-gardistes ?

Si les Genderless Boys ressemblent clairement à des adolescentes à l’aube de la puberté, ce serait une grave erreur de les catégoriser de gay (ce que nombreux d’entre vous et nous ont pu se dire). Non, non. Ils ne sont pas homosexuels. Ils sont d’ailleurs quasiment tous hétéro et en couple, et revendiquent non sans fierté cette vérité qui cloue le bec à de nombreux japonais coincés.
Toman, Genking, Peey, et Devil sont des garçons (presque) comme les autres pour qui s’habiller de telle ou telle manière n’est pas un prétexte pour être accepté d’autrui, mais bien un acte de résistance revendiqué. Adopter un look androgyne parfois assez extrême pour frôler la limite du transgénérisme, est pour ces garçons leur manière d’explorer les limites du genre et de remettre en question les codes du genre. Car s’il faut le rappeler, il existe de nombreuses différences entre sexe, genre et sexualité.

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Genking

Une tendance qui ne passe pas inaperçue.

Toman est un mannequin qui se revendique Genderless Kei populaire au Japon et aussi membre du groupe de musique pop XOX (Kiss Hug Kiss) avec trois autres jeunes hommes. Lui, c’est lors de ses apparitions à la télévision qu’il ne manque pas de défendre la tendance dans laquelle il s’inscrit :

Ce que nous, garçons asexués avons en commun, ce sont les cheveux flamboyants, le fait qu’on porte des couleurs, des vêtements pour dames et des chaussures à plate-forme. Il y a aussi notre esthétique sophistiquée et le fait que nous portons du maquillage. Cependant … je ne pense pas être « un garçon asexué ». Nous aimons simplement porter un style qui nous plait, c’est juste qu’il se propage.  explique-t-il lors d’un entretien avec ModelPress.

De la même manière, Peey et Devil assument fièrement et avec une incroyable confiance leur différence physique sur les réseaux sociaux, en l’occurence Instagram, où ils publient des clichés de leur vie quotidienne à la pelle et cumulent les dizaines de milliers de likes. La preuve qu’ils sont suivis, admirés et pris pour modèles !

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Devil

Vers la décontraction totale des genres ?

Si le Genderless Kei reste peu médiatisé et peu connu du monde entier, ce mouvement non-genré ne semble en rien perdre de sa superbe. Encore aujourd’hui, les comptes Instagram de Keey, Devil, Toman et Genking continuent d’exploser, et les personnalités célèbres au Japon et dans le monde entier affichent les mêmes revendications. Dans la mode par exemple, ce sont les mannequins « XY » soit trans-genres que l’on voit défiler sur les podiums, de la même manière que le couturier japonais Tsukasa Mikami déclare son anti-conformisme stylistique lors d’un entretien avec l’AFP :

Je ne fais aucune distinction entre les sexes. Les frontières entre les sexes s’effacent… Le Japon est encore conservateur mais je pense que nous allons voir plus d’hommes s’ouvrir à cette culture. On vit comme on s’habille.

Et les autres exemples ne manquent pas… entre les femmes mannequins à la tête rasée, les ladyboy en Thaïlande et la mode de l’unisexe, comment ne pas applaudir ces Genderless Boys ?

Elisa

 

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