Dans GRAVE, l’innocence a le goût du sang, et le prénom de Justine.
Mercredi soir à Paris, nous avions rendez-vous avec la couleur rouge. Rouge pour les fauteuils où nous allions nous installer, rouge pour le sang que l’on s’attendait à voir couler.
Nous étions à l’avant-première du très attendu et déjà grandement récompensé GRAVE de Julia Ducournau, premier long-métrage de la réalisatrice française dont la sortie nationale est prévue le 15 mars 2017.
GRAVE, c’est l’histoire de Justine, une jeune fille belle et innocente de 16 ans interprétée par Garance Marillier. Végétarienne depuis sa plus tendre enfance, elle se voit forcée à avaler de la viande crue. Bienvenue en première année d’école de vétérinaire, où bizutage rime avec giclées de sang, cadavres d’animaux et formol. Ses premiers pas dans la vie étudiante seront ceux qui l’inviteront à la découverte de tout ce qu’elle ne connaît pas : le sexe, l’alcool, la fête, et la viande. En franchissant les étapes de sa vie, Justine sera pousser dans ses retranchements et passera du dégoût à la soif insatiable de désir, et de sang.
https://www.youtube.com/watch?v=TElJs93LLs8
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Confortablement installées dans la salle de cinéma, l’écran géant immaculé de rouge ne fait qu’un avec la couleur qui nous entoure, créant un réel sentiment d’inconfort évocateur. Les premières images apparaissent à l’écran, oppressantes de silence. On détourne le regard tant la proximité entre Justine et nous se ressent… Plus les minutes passent, plus la tension monte en une savante danse sanglante. Qui est réellement Justine ? Que lui arrive-t-il ? Les questions fusent dans nos esprits mais se font trop vite absorber par l’omniprésence de la couleur rouge. Concrètement, nous sommes avalées par cette jeune fille tiraillée de l’intérieur, partagée entre la candeur de son âge et l’adrénaline de l’inconnu.
GRAVE nous pousse physiquement à bout, comme il nous interroge profondément. Ce film qui se veut inclassable va au-delà du simple genre de l’horreur car il laisse s’exprimer des questionnements profonds d’identité et de moral tout en provoquant chez le spectateur une réaction physique d’une rare intensité. Et lors de l’entrevue qui suivit la projection du film, c’est avec une assurance clouante que la réalisatrice, Julia Ducournau, s’est exprimée. GRAVE parle du déterminisme familial et social de l’individu en poussant à l’extrême la soif de découverte. Ce qui se passe à l’écran nous fascine et nous attire tant que le désir en devient viscéral. Pourtant, l’empathie et l’amour nous rappellent à notre humanité, de la même manière que Justine, innocente végétarienne devenue cannibale s’enferme dans un combat intérieur.
Mercredi soir à Paris, nous sommes reparties avec le goût sucré du sang et l’incompréhensible désir d’y retourner.
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GRAVE, de Julia Ducournau
Sortie nationale prévue le 15 mars 2017
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