Le BOPE ou le nettoyage social
Le BOPE – Bataillon des opérations spéciales de la police militaire – est une particularité brésilienne. Mélangez extrême pauvreté et corruption politique, vous récolterez une tragédie collective passée sous silence, ou presque, tant l’opinion publique s’est tristement accoutumée à cette violence institutionnelle. Les escadrons ou les patrouilles de la mort, portent bien leurs noms. Leur blason – une tête de mort transpercée par deux armes et un poignard – parle de lui-même également. Leur uniforme: le noir, symbole de l’irréversible fin, de la nuit ou de la peur, n’est pas un choix hasardeux. Leur cible: les trafiquants de drogues de Rio. Car le BOPE, c’est l’incarnation d’un renoncement politique et assumé de s’attaquer aux origines de la violence. Au lieu de cela, les représentants politiques, les milices policières corrompues et les patrouilleurs sur-armés massacrent les favelas ou font le chantage d’une pseudo sécurité en échange de quelques voix pour le nouveau maire.
Le BOPE est née en 1978 en qualité d’unité militaire spécialement conçue pour gérer les situations les plus extrêmes, notamment les guerres perpétuelles contre les narcotrafiquants. Dès le début des années 80, elle devient indépendante et acquiert une autonomie administrative. Sa totale liberté d’action ouvre la porte à toutes les exactions possibles: assassinats de trafiquants sans arrestations, civils tués, tortures… Comme si les autorités, dépassées par la violence des quartiers pauvres, avait abandonné la partie, préférant tout jeter dans un charnier avant de recommencer encore et encore le même nettoyage social.
Mais de nouveaux gangs se reforment, de nouveaux leaders reprennent le relais et jouent les dieux de la cité des hommes. Au milieu de ce cycle sanguinaire sans fin, les populations innocentes subissent un combat urbain constant et sans exutoire. Du coup, les défenseurs des droits de l’homme dénoncent sans appel :
Les forces de police du Brésil ont recours à des méthodes violentes et répressives, qui se traduisent régulièrement par la violation des droits fondamentaux d’une partie de la population. (Amnesty International) .
Autrement dit, on peut résumer le BOPE en une seule phrase impérative: « shoot first, ask question later ». Une méthode qui pousse à tirer dans le tas, quitte à ce que quelques innocents y passent. Le nombre de victimes ne cesse d’augmenter: 329 en 2013, 580 en 2014 et 645 en 2015. Au Brésil, sur 60.000 homicides par an, 1 meurtre sur 5 a été commis par la police ou le BOPE.
Alors quand le pape vient galvaniser ses fidèles, la coupe du monde ou les Jeux Olympiques encourager ses champions, la « pacification » des favelas est d’autant plus renforcée pour assurer aux nombreux touristes une ville sécurisée. Le 27 juillet dernier, Amnesty International déposait 40 housses noires mortuaires devant le comité olympique Rio-2016 pour symboliser les personnes assassinées par la police dont le bilan a bondi de 135% depuis mai 2015. Mais ne blâmons pas directement ces évènements publiques, le BOPE agit et continuera de le faire ainsi, jeux olympiques ou pas.
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