Légalisation des drogues. Un exemple Européen qui marche plutôt bien

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Avec ses réformes sur la drogue, le Portugal semble montrer l’exemple aux autres.

On avait envie, comme ça, de fêter les 16 ans de la dépénalisation de l’usage de la drogue au Portugal ! 16 ans, ça sonne bien, et c’est aussi l’âge auquel un grand nombre de jeunes se retrouvent confrontés à la drogue. Et pour éviter qu’ils ne sombrent dans le côté obscure de la drogue, le gouvernement portugais a réformé ses lois. Résultat : tout le monde est plus heureux ! 

drogue

En 2000, le parti de gauche du Portugal propose de voter une réforme osée : totalement repenser les lois sur l’usage de la drogue dans le pays. En 1999, 1% de la population est accro à l’héroïne, et le taux de contamination du VIH est le plus élevé d’Europe. Le gouvernement souhaite décriminaliser le cannabis, l’héroïne, la cocaïne et l’ecstasy en autorisant la possession (par personne) de :
– 1 gramme d’héroïne ou d’ecstasy
– 2 grammes de cocaïne 
– ou 25 grammes de cannabis, soit l’équivalent d’une consommation mensuelle 
– et la culture d’une dizaine de plants par personne

Compliqué alors de faire passer la pilule à ses voisins tout en étant crédible !
Pourtant, la surprise est totale. Le taux de contamination a impressionnement chuté depuis 2001, en passant de 1016 cas à 56 en 2012. En 2001, le Portugal compte 80 décès causés par une overdose, contre 12 en 2012, soit une baisse de 80%. Notons aussi le nombre d’héroïnomanes a aussi baissé de moitié. 

weed
Joaõ Goulão

Lors de la réunion des diplomates à New York au siège des Nations Unis en 2016, le représentant du Portugal Joaõ Goulão ne se cache pas et affirme une fierté au nom de son pays :

Nous sommes montrés comme un exemple des meilleures pratiques respectant l’esprit des conventions.

Car en effet, cette réforme initiée par le Portugal a été longuement montrée du doigt, décriée, et malmenée par les autres gouverneurs. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En réduisant le budget dédié à la police, à la justice et au système pénitencier, le gouvernement a pu le mettre à disposition des centres de soins ainsi qu’aux traitements des toxicomanes. 

Lorsqu’une personne se fait « arrêter » en possession de drogue, la police convoque celle-ci à un rendez-vous devant un « panel de dissuasion » composé d’experts juridiques, psychologiques et de travailleurs sociaux. La plupart du temps, les personnes convoquées fument du cannabis, et ne présentent aucun risque grave de dépendance. Cependant, quelqu’un qui se retrouvera plusieurs fois face à ce panel après avoir consommé des drogues dures se verra invité à suivre une thérapie et éventuellement suivre un traitement de substitution aux drogues.

N’oublions pas qu’au Portugal, la drogue reste illégale.
Le trafic est interdit et prohibé, mais la politique de traitement des toxicomanes a évolué, pour prendre à bras le corps un grave soucis de santé publique. Après la crise en 2009, la Grèce a vu son taux de contamination au VIH exploser. En cause : l’amputation du budget dédié aux programmes de santé; ce que le Portugal a magnifiquement évité. Et des membres d’associations à but non lucratif venant en aide aux toxicomanes approuvent fièrement cette petite révolution :

Habituellement, l’accent est mis sur la dépénalisation elle-même, mais cela a fonctionné parce qu’il y avait d’autres services, et la couverture a augmenté pour le remplacement des aiguilles, pour la désintoxication, dans les milieux thérapeutiques, ainsi que les possibilités d’emploi pour les personnes qui se droguent. (…)
Ce fut la combinaison de la loi et de ces services qui en ont fait un succès. Il est très difficile de trouver des gens au Portugal qui sont en désaccord avec ce modèle.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela fonctionne à merveille !

Retrouve le rapport européen sur la drogue de 2015  sur cette page

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