Les enfants cachés de Chine

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Une vie dans l’ombre

 

Jusqu’au 1er janvier 2016, la politique de l’enfant unique était toujours en vigueur dans la République Populaire de Chine. Cependant, pour palier un déséquilibre d’un pays à très forte majorité masculine, craignant pour ses générations futures avec un faible taux de natalité stagnant à 1.6, le gouvernement fit marche arrière et toléra cette année deux enfants par couple.

Cette avancée s’était déjà plus ou moins prononcée avec un assouplissement entrepris il y a quelques années. Dans les campagnes, les couples pouvaient donner naissance à un second enfant si le premier était une fille. De plus, les couples eux-mêmes enfants uniques avaient l’autorisation de procréer une seconde fois.

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Néanmoins, certaines familles avaient déjà bravi l’interdit et mis au monde un deuxième enfant. Contre les avortements et stérilisations forcées, les familles tenaient bon et mettaient au monde un « enfant noir » ou heihaizi, un enfant caché. Pour obtenir le hukou, permis de résidence, les parents devaient s’acquitter d’une lourde amende de 5000 yuans alors que le salaire mensuel plafonnait à 100 yuans par mois. Face à l’impossibilité de payer, les parents, étaient soumis à des pressions morales et physiques. Mais le plus blessé dans l’historie reste l’enfant fantôme. Cet apatride, coupable d’être né, ne peut aller à l’école, voyager, se marier, s’acheter des médicaments, emprunter des livres à la bibliothèque, ouvrir un compte en banque etc… Les interdits sont nombreux à cause du manque d’une carte d’identité pouvant officiant leur existence.

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Dans leur vie de l’ombre, reclus entre 4 murs d’une maison, certains marginalisés de la société se révoltent pour obtenir une identité et une reconnaissance. La militante la plus active et médiatisée est Li Xue. Née huit ans après sa sœur, elle ne peut conjuguer sa vie au verbe être. « Tu n’est pas comme les autres, tu es différente » a dû lui avouer sa mère lorsqu’elle a aperçu des camarades effectuer leur rentrée en CP. Elle a fondu en larmes. Sa grande sœur lui a appris à lire et écrire, et lui prête discrètement sa carte de médiathèque. Elle y passe souvent emprunter d’épais ouvrages pour continuer un combat colossal et une peine perdue d’avance, attaquer le gouvernement en justice. Aucun avocat n’a voulu plaider sa cause, alors elle a plongé seule dans les textes de lois en espérant y trouver une brèche.

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Face à la réponse bien évidemment négative du tribunal, elle continue quand même à se battre pour obtenir des papiers, 24 ans après sa mise au monde. Dans cet immense océan, elle n’est pourtant pas seule, 13 millions d’enfants vivent dans la pénombre, et nul ne peut prédire leur avenir.

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