La jeunesse de Corée du Sud en exil

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Vivre et non subir

 

Article rédigé d’après le reportage d’Arte « Corée du Sud : une jeunesse en fuite ».

Chaque dimanche, une église de New-York trouve salle comble pour sa messe. Après la cérémonie, le lieu se transforme en terrain de socialisation autour d’un repas commun pour les jeunes étudiants ou travailleurs. La seule particularité ? Ils sont tous coréens, et ont décidé de quitter leur pays natal pour tenter de vivre le rêve américain.

 

« En Corée du Sud, tout est formaté et décidé à votre place » témoigne une étudiante. « Ici, personne ne vous regardera bizarrement parce que vous n’êtes pas dans la norme ». Tous les expatriés partagent cette même vision. Las de travailler jour et nuit, leur jadis vie harassante s’est transformée en une meilleure existence aux USA. Et ils sont légion, des centaines de milliers de coréens ont plié bagages, et des millions d’autres compatriotes n’attendent que de s’exiler. En effet, 88% des moins de 35 ans souhaitent partir à l’étranger, ceci de manière définitive.

 

Pour les touristes, Séoul est l’épicentre du dynamisme et miracle économique. Néanmoins, derrière le miroir déformant, les lumières des bureaux restent trop souvent allumées, et les employés noient leur mal-être dans des breuvages alcoolisés, ou utilisent la solution plus radicale du suicide.

Corée du Sud
Misaeng, série sud-coréenne en immersion dans une entreprise d’import-export et son mal-être au travail.

Étouffés par les normes, les coréens, pour la plupart du temps jeunes, souhaitent en finir pour de bon avec leur pays natal, où le travail régit la société entière. Une vie meilleure ne sera possible qu’ailleurs se disent-ils, même s’ils devront travailler manuellement.

 

Un couple d’informaticien et professeure de musique a décidé de franchir le pas. Fatigués du jeu quotidien des apparences, ils veulent vivre simplement, mais ne se projettent point dans un futur en Corée du Sud. Afin de mettre toutes les chances de leur côté pour obtenir le précieux visa, ils ont fait appel à une agence spécialisée. En échange de 25.000$ chacun, le couple va pouvoir obtenir la carte verte grâce à leur futur employeur. Payés 9$ de l’heure, pendant 7 heures par jour, ils ramasseront des pommes de pins dans la ferme. Nul besoin de faire la fine bouche, les deux amoureux signent directement le contrat, comme pléthores de médecins, avocats et autres métiers qualifiés. « 90% de mes clients ont Bac+3 » révèle la patronne de l’agence.

Corée du Sud

 

Cette fuite des cerveaux fait naître des idées. Face à cet engouement subi des métiers manuels, une toute nouvelle école de soudure vient de voir le jour à Séoul. Pourquoi la soudure ? La profession est hautement recherchée au Canada notamment.

 

Ce phénomène d’expatriation est aussi décrit dans le livre de Chang Kang-Myoung « Parce que j’aime pas la Corée ». Face à trop de difficultés et compétitivité, la jeunesse idéalise les pays nordiques pour leur capacité à être eux-mêmes.

Néanmoins, cette émigration ne concerne qu’une frange de la population, les plus aisés. Face à la somme pharaonique demandée pour un visa, 25.000$ en moyenne, l’idée d’un bonheur futur ne restera qu’une belle utopie pour la majorité des sud-coréens.

 

Solenn Cordroc’h

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