Crise du capitalisme au pays du capitalisme

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Un système malade

Huit ans après l’affaire des subprimes qui a provoqué la plus grave crise depuis 1929, comment se porte le capitalisme aux États-Unis ?

Premièrement, il semble que l’adhésion à ce moyen de production est en chute libre dans le pays qui s’est illustré dans le monde comme le coeur même du système. Parmi les jeunes américains de 18 à 30 ans, aujourd’hui, seulement 42% déclarent soutenir le capitalisme. Alors que de l’autre côté du monde, 70% des chinois se disent partisans de l’économie de marché. On peut y voir un manque de foi et de confiance dans le système. L’occident est en période de doute et on se demande de plus en plus à qui profite réellement ce système et surtout au détriment de qui.

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Le fait est que le marché parait déréglé. On ne compte plus le nombre d’article relatant un scandale financier et de gros titres sur la trahison des élites. Le système parait mauvais et de plus en plus d’auteurs et essayistes posent les bases d’une alternative ou d’un remède au mal qui gangrène le capitalisme, c’est à dire lui-même.

Pour les spécialistes, le problème du capitalisme réside dans la financiarisation. Les courtiers et actionnaires ne représentent que 4% des emplois aux États-Unis mais s’attribuent plus de 25% des profits. Mais plus grave encore. Les banques ne jouent plus leur rôle. Au lieu de drainer l’épargne des particuliers vers les entreprises, elles ne consacrent plus que 15% de leurs capitaux aux prêts aux entreprises.

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La finance s’est donc automatisée, créant une économie parallèle, déconnectée de l’activité productrice qui entraine les bulles spéculatives dont l’éclatement menace l’économie mondiale.

Mais à chaque fois que l’on prédit la fin du capitalisme, à l’instar de Marx, il renait de ses cendres. Schumpeter disait de Marx qu’il était un bien meilleur sociologue mais un piètre prophète. En effet, les masses ne se sont nullement paupérisées. Au contraire, l’adoption de l’économie de marché a permis à 300 millions d’asiatiques, de coréens et de chinois et indiens de sortir de la pauvreté et d’atteindre en une génération le niveau de vie des classes moyennes occidentales.

Personne ne peut dire si le capitalisme est à l’agonie mais il est assurément malade. Car reposant sur l’élargissement d’une classe moyenne dont le pouvoir d’achat augmente avec régularité. Or cette middle class subit aux États-Unis une lente érosion. En prenant en compte les salaires moyens de tous les américains, seuls 50% d’entres eux font partis de la classe moyenne. Ce chiffre est aujourd’hui en forte baisse et la middle class pourrait devenir minoritaire à l’avenir. Le problème étant qu’elle constitue la base sociale du régime capitaliste.

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Les causes de ce phénomène résident dans l’écart de revenus entre riches et pauvres  qui s’accentue d’année en année. Aux États-Unis, les 10% au sommet de la hiérarchie des revenus sont parvenus à doubler leurs gains au cours des trente dernières années tandis que les 60 % à la base n’ont pas progresser d’un pouce. L’écart est encore plus abyssal concernant les 1% les plus riches, les ultras riches.

Le capitalisme semble être entré dans une période de stagnation. Cela se traduit politiquement par le report des voix de la classe moyenne sur les candidats anti-système. On le voit aux États-Unis avec les montées de Donald Trump et Bernie Sanders. La colère monte et le système se doit d’évoluer pour devenir plus égalitaire.

Source: Newsweek, New York Times

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