Bienvenue à Crackoland !
A moins d’un kilomètre du stade Maracana qui accueillera la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Rio se trouvent la Favela de Mandela, aussi appelée Crackoland. Ce quartier a la plus grande concentration d’accro au crack de Rio de Janeiro. On y trouve des femmes, des enfants et des dizaines d’âmes perdus fumant du crack à ciel ouvert sans que personne ne fasse vraiment attention.
Le crack se présente sous la forme de petits cailloux ou cristaux. Il résulte d’un mélange de cocaïne, d’ammoniaque et de bicarbonate de soude. C’est la forme la plus puissante du produit vu qu’elle est composée à minimum 70 % de cocaïne pure contre 20% pour le produit original. Le crack fait des ravages dans les favelas de Rio du fait de la dépendance qu’entraine les inhalations. Ensuite parce qu’elle est moins chère que d’autres drogues,on peut en effet trouver des cailloux pour moins d’un 1.50$.
Depuis son introduction dans les rues de Rio il y a plusieurs années, les gangs ont pris le contrôle du trafic et ont fait de la Favela Mandela le marché du crack de Rio. On y achète des cailloux, on y fume et on compte jusqu’à la prochaine prise. Cependant, certains barons de la drogue ont constaté que l’usage du crack avait des effets dévastateurs sur la communauté. Ils ont donc décider de mettre un terme à la vente. Les autorités brésiliennes donnent pourtant peu de crédit à cette initiative, la qualifiant de « distraction visant à empêcher la police de pacifier les Favelas. »
Malgré les prises de conscience de certains gangsters, le crack est facilement disponible dans le pays. Le Brésil est en tête des consommateurs mondiales de crack avec les États-Unis. Le pays est fortement exposé en raison de ces 5.000 kilomètres de frontières avec la Bolivie, la Colombie et le Pérou qui sont les trois plus grands producteurs de cocaïne au monde. Alors que la production, la vente et le transport de cocaïne au Brésil est illégale, la consommation de drogue a été dépénalisée en 2006 dans le cadre d’un projet de loi qui a favorisé l’éducation et le service communautaire pour les utilisateurs.
De nombreuses victimes sont prises en charge dans des refuges. D’autres trouvent la rédemption dans les églises évangélistes mais il n’est pas facile de sortir de l’enfer du crack. De nombreux addicts s’échappent des abris ou les fuient carrément. L’addiction est alors plus forte que tout. Quand les associations distribuent de la nourriture et de l’eau sur les trottoirs de Crackoland, il est rare que les toxicomanes prennent du plaisir. Le crack détruit les papilles gustatives et l’addiction réduit la sensation de faim et de soif. C’est pour cela qu’ils ne boivent pas d’eau. Ils préfèrent percer la bouteille ou la canette et la vider. Ils placent alors un rocher de crack mélangé avec de la cendre de cigarette et inhalent le tout à travers une feuille de cartons.
Les toxicos de Crackoland sont aujourd’hui enfermés dans leur addiction, seuls et sans réelle perspective d’avenir. Sans aides, les nombreux enfants qui s’y trouvent prendront le même chemin que leurs ainés. Ce triste spectacle mélangeant misère sociale et drogue se passera à quelques pas des caméras de télévision du monde entier. Il s’agit, au moment des JO de Rio de ne pas l’oublier.
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