Une « Fuck Parade » contre l’invasion des hipsters

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Shoreditch fuck parade

« Fuck Parade », la lutte anti-gentrification londonienne

Samedi 26 septembre, au cours d’une manifestation anti-gentrification à Londres, la vitrine d’un bar vendant des bols de céréales à des prix tellement élevés qu’ils en défient toute concurrence -et que ça te donne plutôt envie de t’acheter un paquet de Cinnamon Toast Crunch parce qu’il y a une cuillère à selfies dedans- a été attaquée à coups de peinture et de gribouillages pas très sympas. Le mouvement à l’origine de cette « Fuck Parade » pour « reprendre possession de Shoreditch » est celui du Class War, fondé en 1982 par Ian Bone. Son objectif ? lutter contre un élitisme social toujours plus prégnant dans des quartiers en pleine transformation.

A Brick Lane, dans le quartier de l’est londonien Shoreditch, le Cereal Killer Cafe a été attaqué lors d’une manifestation anti-gentrification samedi dernier. Mais de quoi est-il accusé, au juste ? de vendre des bols de céréales à des sommes beaucoup trop élevées dans un quartier qui, il y a encore quelques années, était occupé majoritairement par des habitants issus des classes populaires. Ian Bone, fondateur du mouvement anarchiste Class War, explique que, si l’attaque du bar à céréales n’avait pas été préméditée, la philosophie du groupe est bien de « retourner dans des quartiers qui ont déjà subi la gentrification et d’entamer une lutte pour les récupérer« . La gentrification, engendrée généralement par la construction de structures culturelles, mais également par des aménagements ou réaménagements de l’espace public, est partout à Londres.

Shoreditch fuck parade

Ce constat est global. Toutes les métropoles occidentales connaissent ce phénomène d’embourgeoisement urbain. A Paris aussi, les quartiers sont en pleine métamorphose. Le triangle République / Bonne Nouvelle / Gare de l’Est, auparavant quartier populaire, est devenu en l’espace d’une poignée d’années l’un des hauts lieux du bobo-hipsterisme parisien, où bars branchouilles et concept stores (faudra m’expliquer le concept de ces boutiques, d’ailleurs) pullulent et côtoient les fabricants de saris et les échoppes spécialisées dans le kebab-frites. Pas le temps de débriefer sur Oberkampf et Barbès, pour ne citer qu’eux, mais vous connaissez déjà le topo. Pour les habitants les plus modestes, tout ça se traduit par des difficultés de plus en plus prégnantes à payer leurs loyers, donc à se loger, mais aussi à régler leurs courses chez « l’épicier du coin », remplacé de toute manière par une grande enseigne régnant sur cette cité investie par les classes moyennes.

A Marseille, en 2013, alors que la cité phocéenne portait encore sa couronne utopiste de Capitale Européenne de la Culture, on pouvait lire sur les murs juchant la Gare Saint-Charles un timide “Non à la déshlagisation du Vieux Port”.

 

 

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