Aller à DOUR sans prendre de drogue, c’est possible.

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© Romain S. Donadio

 Oui, je ne prends rien, mais je vais à DOUR

On nous apprenait récemment que 100% des personnes contrôlées par la police au DOUR festival étaient en possession de drogue, certes, mais ils ne m’avaient pas croisé.  En effet, je fais partie de cette minorité de la population qui ne consomme pas de drogue.

Rassurez vous, j’ai une vie sociale épanouie, et je sors autant que mes amis adeptes de la  MDMA, LSD, ecstasy, weed et autres substances chimiques – ou naturelles, tout dépend du point de vue.

Avis à ceux qui auraient oublié ce que c’était que de passer 5 jours dans un festival sans toucher à quoi que ce soit, vous risquez de retomber en enfance.

En réalité, ne pas prendre de drogue à DOUR c’est un peu comme effectuer une investigation sociologique. C’est être à même de regarder ce que plus personne ne voit. La grande majorité des festivaliers consomment, et sont dans la « normalité », c’est moi, l’ovni. Mais, si je n’ai rien pris, on peut dire qu’ils m’ont quand même bien aidé à faire voyager mon esprit. Les regarder c’était comme prendre une dose.

Récapitulatif en concentré de ces rencontres made in DOUR.

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The K. © Vanessa Coquelle

Mes voisins de camping : arrivés dans la journée de mercredi, le choix du camping s’imposa, apportant avec lui une détresse certaine. Nous irons dans le camping D. Une fois les embouteillages passés, il ne nous restait plus qu’à trouver un morceau de terrain capable de nous accueillir.

Après s’être un peu éloignés du bar du camping, des douches et du monde, nous parvenons enfin à trouver un coin. À côté de nous, un groupe de 8 flamands complètement déchirés : ça s’annonçait bien. Chaque matin, une petite queue attendait devant la tente de notre désormais pote de camping « Lahou ». Pourquoi ? Simplement parce-qu’il était le fournisseur officiel – ou presque – du camping et qu’il disposait de tout ce dont les festivaliers avaient besoin. Eux-mêmes épris de Kétamine, si je ne devais énoncer qu’un souvenir ce serait celui-ci.

Nous sommes jeudi matin, il est 8 heures environ quand nous rentrons pour dormir un peu.

Face à nous, un des amis de Lahou semble être sur une autre planète. Pour vous dire, il a passé près de 10 minutes à mettre un pied devant l’autre. Son regard était complètement ailleurs, et la seule chose qu’il semblait vouloir c’était s’asseoir. Mais quand la chaise est à 2 mètres et qu’on est dans cet état-là, ça devient difficile.

On aurait dit qu’il venait de naître au monde, son regard était perdu, et il n’avait aucune notion de l’espace se trouvant autour de lui.

Après 10 minutes de « marche », il se décide à aller se coucher. Il enfile son duvet debout et saute la tête la première dans la tente. Un grand moment.

Un mec dans les toilettes

Aller aux toilettes à DOUR c’est tout un programme. À ton arrivée, un rouleau de papier toilette t’attend, une fois les recharges faites, il suffit d’activer son mode Koh Lanta. Respiration profonde et détermination seront les maîtres mots de ces 5 prochaines minutes. Il faut choisir la bonne cabine, être rapide et efficace pour sortir le plus vite possible.

Une fois l’étape accomplie, tu ressors vite. C’est à ce moment précis que j’ai rencontré mon pote de toilettes.

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Official Dour Festival

Alors que j’étais toute fière d’avoir réussi sans encombre à faire ce que j’avais à faire – restons vague ça vaut mieux pour tout le monde –  il m’arrête et me dit « Moi ce soir rêver à toi ». Il m’attrape, me sert fort dans ses bras avant de me dire « Reviens ici même heure demain ».

Je ne sais pas trop de quelle origine il était ni même ce qu’il avait pu prendre pour me regarder de cette manière, mais une chose est sûre, il était défoncé et incroyablement gentil. Finalement la drogue, c’est pas si mal !

MIA, 17 ans, adepte du mélange kéta-ecstasy

Nous sommes vendredi, les premiers jours commencent à se faire sentir mais nous restons vaillants. Allongés sur la pelouse devant la canibal stage, une fille s’approche et décide de passer un peu de temps avec nous. Elle s’appelle Mia, elle a 17 ans, c’est sa première fois à
DOUR, elle venait de perdre ses potes et elle était très sympa. Comme à chaque fois, elle nous demande quels bagages nous avons amenés – entendez là, quelles drogues.

Mes amis lui expliquent la profession de notre voisin et nous dérivons sur le moment de perte inconditionnelle de repère de son ami. A ce moment, Mia s’illumine, « oh, ils ont de la ketamine ? Super parce que j’ai de l’ecstasy et le mélange est vraiment cool ! » Complètement
hallucinée, je lui demande un peu plus d’explications. « En fait, le problème de la kétamine c’est que ça peut être un peu oppressant parfois, parce que tu sors de ton corps, c’est pour ça que quand tu prends les deux en même temps, ça annule les effets négatifs. T’es
complètement ailleurs, tu captes que t’es ailleurs mais ça te fait pas flipper, et puis t’as plein d’énergie aussi. C’est difficile à expliquer, tu devrais vraiment essayer ! ».

Je n’avais rien compris, mais j’étais plus effrayée que rassurée par ses explications. Malheureusement je n’ai pas pu la voir en action, mais j’imagine que ce soir-là, elle a vraiment passé une bonne soirée.

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© Mathieu Drouet

Les surfeurs de boue

Après 4 jours de beau temps, de coups de soleil et de pelage, un nouveau visage de DOUR est  apparu :« DOUR en boue ».

Cette fois-ci, nous étions face à une nouvelle épreuve de Koh-Lanta, il fallait réussir à rentrer chez soi sans tomber et se refaire une façade. Mais si pour nous cette épreuve était une véritable torture d’équilibre, pour d’autre c’était tout l’inverse – après tout, c’est eux qui avaient raison.
Car pour certains, le but n’était pas de fuir la boue, mais de ne faire qu’un avec elle. 5 mecs étaient particulièrement appliqués dans cette quête. Ils s’amusaient à courir dans la boue, puis, à l’aide de planche en plastiques vaguement arrachées aux barrières, tenter de surfer. Leurs yeux blancs miroitants et humides ressortaient sur leur visage noir de boue. Rapidement rejoins par d’autres, nous avons pu entendre pendant tout notre long trajet des cris de guerre venant de ces spécimens.

Les 220 000 danseurs

Née d’un père musicien, la musique a toujours fait partie de ma vie. Je crois que mon père a d’ailleurs tenu à ce que je sache danser avant même que je puisse marcher. Ainsi, je suis incapable de rester immobile face à une scène. Energique et hyperactive face aux musiciens ou aux Dj il m’arrive souvent de fermer les yeux et de me laisser emporter, dansant comme si c’était ma seule manière de m’exprimer – oui, ça peut faire peur de temps à autre. Je saute, je tourne, et parfois je tombe – bon, souvent.. l’équilibre n’est pas mon fort. Ce qui est bien, c’est qu’à DOUR des gens comme moi, il n’y a presque que ça.

J’ai donc rencontré au moins 200 000 danseurs fous, acolytes de piste de danse, avec qui je pouvais sauter plus haut et tomber plus fort. Drogués ou pas, le résultat était le même, 5 jours de pur bonheur, de prestations scéniques incroyables et de regards croisés.

Alors, on se dit à l’année prochaine !

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