Martin Scorsese, mafieux, mais pas que

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Martin Scorsese

Martin Scorsese, loup d’Hollywood et monstre sacré du cinéma

– « Scorsese ? C’est qui ? » Après avoir entendu plusieurs commentaires de ce type dans mon entourage (ce démarrage est un subtil et parfait racontage de vie, ne vous en déplaise), il était un peu (très légèrement) nécessaire et impératif de vous présenter le monsieur. Sa page Wikipédia est donc . Fin de l’article.

Plus sérieusement (et surtout après m’être fait taper dessus et traité de grosse larve par mes boss), je vais peut-être détailler un peu plus. Dans le monde du cinéma, Scorsese est « juste » un monument de cinéphilie et de renommée cinématographique. Aussi connu que la Statue de la Liberté, à ceci près que lui, il sert à quelque chose. Voilà, la comparaison totalement hors de propos, ça, c’est fait.

En quelques lignes ? Multi-nominé aux Oscars pour le Loup de Wall-Street, dont un peu tout le monde a forcément entendu parler, en bien comme en mal, Martin Scorsese est un réalisateur américain de 71 ans. Plus ou moins connu. Bon, ça c’était bon (oh, la répétition !) pour ne pas vexer ceux qui n’en ont jamais entendu parlé, mais c’est quand même un monstre sacré du cinéma mondial, et, à ce titre, il est considéré par certains cinéphiles comme l’un des plus grands, si ce n’est plus, de l’histoire du septième art. Dans un domaine qui a accueilli des mastodontes comme Stanley Kubrick ou Spielberg, inutile de vous dire que ça ne signifie pas rien (pourquoi je dis ça alors…).

En chiffre (là c’est le paragraphe un peu inintéressant, la partie « CV »), entre la Palme d’or de Cannes pour « Taxi Driver » et l’Oscar du meilleur réalisateur et celui du meilleur film pour « Les Infiltrés », Martin Scorsese a cette particularité d’avoir un peu tout raflé au fil de sa longue carrière. Et, accessoirement, une filmographie assez fichtrement longue pour faire baver du cinéphile sur trois années-lumières. Au moins.

Voilà pour cette introduction bien passionnante (bah quoi c’est vrai !). On passe à la suite.

Ce qui frappe lorsque l’on évoque le sujet de son dernier film, c’est que tout le monde ne parle que des scènes de sexe omniprésentes. Justement, le cinéaste avait bien expliqué que s’il y avait bien une chose qu’il ne maitrisait absolument pas, c’était les plans culs. Non, pardon, les plans cinématographiques de scènes de cul (comment ça, ça n’était pas clair ?), pour la raison qu’il n’aimait pas ça. Et on touche (c’est le cas de le dire. Oui, j’ai un humour vaseux. Un problème ?) à un premier élément de réponse quant à la question que je n’ai pas encore posé (bande d’impatient !) : Qu’est-ce qui caractérise vraiment Martin Scorsese ?

Tout d’abord, il a deux passions : le cinéma, et la musique. Ce qui lui donne une particularité méconnue, un deça de son métier de réalisateur, il est un grand documentariste, et a filmé de nombreux concerts. Bon, moi personnellement, je ne vois pas trop l’intérêt d’un concert filmé, toujours est-il que dans ce domaine il dépote, avec à son tableau de chasse une bonne grosse partie des stars des 60’s/70’s (entre Bob Dylan et les Stones en passant par The Band).

Mais en réalisation, il fait quoi ?  Si l’on prend son premier film, « Who’s That Knocking At My Door » (qui est en fait son film de fin d’étude), on retrouve une version primitive de tous les thèmes chers à Scorsese : la population italo-américaine, le crime organisé (de petite envergure ici), une esthétique sale, une caméra en mouvement, des dialogues rapides et coupants, et Harvey Keitel (Scorsese marche grâce à ses acteurs fétiches, qu’il sait si bien choisir, de Keitel à Di Caprio en passant par De Niro). Oui, ce petit détail qui ne ferait pas très plaisir aux Femen, ses héros favoris sont des hommes, et qui plus est de parfaits machos.

De Niro Scorsese Dicaprio

Concrètement, on lui doit la plupart des plus beaux films de mafieux, ou traitant de plus ou moins loin de la mafia. Il a bien sûr fait d’autres styles que le gangster : du film d’époque (« Le temps de l’innocence », « Gangs of New York ») en passant par Jésus (« La dernière tentation du Christ »), du biopic (« Raging Bull », « Le loup de Wall Street », « Aviator ») en s’éloignant dans la comédie (« New York New York »), et du film de boxe (« Raging Bull) en continuant dans le thriller (« Taxi Driver », « Shutter Island »). Il s’est même permis de faire un film totalement à part, enfantin et dénué de son style sombre, par amour pour son idole Méliès, à savoir « Hugo Cabret » (Golden Globes du meilleur réalisateur en 2012). En bref, c’est un réalisateur touche à tout, et amoureux des expérimentations dans la quasi-totalité des genres cinématographiques.

Nous disions donc que Scorsese ne s’estimait pas à l’aise avec les scènes de sexe. Si vous faites attention, il n’y a tout bonnement aucune scène explicite dans sa filmographie, hormis son dernier film, encore une fois. Résidu d’un petit héritage chrétien ? Peut-être. Toujours est-il que ses films de gangsters voient toujours une descente aux enfers qui finit par la punition des « méchants ».

Accompagné de trois de ses acolytes principaux, le duo Robert Richardson-Michael Balhaus à la photo et Thelma Shoonmaker au montage, il réussit à donner à ses films une dimension esthétique bien propre à son style, à savoir un rythme à tambours battants, un montage enjoué et une photo particulièrement sombre.

Mais la particularité de presque toute la filmographie de Scorsese peut se retrouver dans le thème de la déchéance humaine, qu’elle soit mentale dans « Shutter Island » ou « Taxi Driver », physique dans « After Hours », ou morale dans « Casino », « Les Affranchis », « Les Infiltrés », entre beaucoup d’autres.  Il utilise ce thème qui pue un peu la joie (ou pas) et s’amuse avec, le tord dans tous les sens, y ajoute son sens de l’humour « relativement » génial pour contrecarrer les excès de violence. Tout un milkshake assez parfait qui nous sort des chefs d’œuvre depuis ses débuts, dans les années 70.

shutter island
« COMMENT ? TU NE CONNAIS PAS SCORSESE ? »

En attendant les résultats des Oscars, si vous ne voulez pas être considéré comme le dernier des ignares (comment ça, comme moi ?), voici une petite liste des incontournables de Scorsese :

« Les Affranchis » :

Les Affranchis

« Taxi Driver » :

taxi driver affiche

« Raging Bull » :

Raging Bull

« Shutter Island » :

shutter island affiche

« After Hours » :

After Hours

« Gangs of New York » :

gangs of new york

« Les Infiltrés » :

Les infiltrés

« Hugo Cabret » :

Hugo Cabret

 

Sans oublier son dernier film, « Le Loup de Wall-Street », encore au cinéma.

Bien évidemment, cette liste est subjective, et surtout totalement incomplète, tous ses films méritant d’être vus. Mais on va éviter de pousser les gens à tourner à la perfusion de RedBull (oh, le placement de produit !) pendant un mois non-stop pour admirer toute la carrière de cette figure du cinéma. Cela serait certes bon pour le niveau de culture générale moyen français, mais un peu criminel, aussi.

2 réflexions au sujet de “Martin Scorsese, mafieux, mais pas que”

  1. bon article, quoique un peu trop en faveur de Scorsese à mon goût…
    Je te suggère de remplacer les Infiltrés par le film que Scorcese a intégralement copié (on pourrait exiger de lui un minimum d’originalité) si ce n’est certains détails comme un personnage et la fin (qui ont tout deux été lamentablement gâchés dans les infiltrés): Infernal Affairs de Andrew Lau et Alan Mak.
    en dehors de ça j’admire beaucoup Scorsese, j’ai juste les infiltrés encore en travers de la gorge.
    en tout cas je découvre ton blog, c’est du bon boulot continue!
    bon courage
    H

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  2. Peut être autant que la déchéance humaine (psychique et/ou physique) de ses personnages, on peut y voir aussi (selon moi) un aperçu de la décadence (morale) de la société américaine, voire des sociétés occidentales, dans lesquelles les protagonistes n’ont plus aucune valeur (si ce n’est l’argent, l’ambition, la recherche du profit ou du pouvoir…) et perdent peu à peu tous leurs repères… Il n’est d’ailleurs pas surprenant que l’appât du gain soit l’un des thèmes récurrents de ses films qui dépeint les milieux peuplés de gangsters et autres mafieux… Même s’il est vrai que
    ses personnages ont aussi des valeurs et des codes qui sont propres à leur milieu. Mais précisément, ils sont dépassés par un monde en mutation constante et des valeurs qui évoluent et qu’ils ne comprennent plus. Bref, les personnages de Scorsese ont cessé d’évoluer dans un monde et une société qu’ils rejettent et avec lesquels ils ne peuvent qu’entrer en opposition… La confrontation entre un homme et la société ou son milieu (professionnel, relationnel, psychique), un autre des thèmes récurrents de Scorsese

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