La Fine Equipe débarque, on leur a posé quelques questions
3 des types de la Fine Equipe (Blanka est excusé) nous ont accueilli dans leur studio pour une interview qui s’est transformée en moment révélation … Non, pas tant que ça, mais au moins vous aurez l’impression d’avoir passé un moment cool avec eux. Un petit fond musical s’impose avant de commencer, conseil d’ami.
• Quand on fait des recherches sur vous, on remarque de le nom de « J Dilla » ressort énormément. En quoi ce type est une inspiration pour vous ?
Oogo : Personellement, j’étais fan de ce beatmaker de Detroit, qui est aussi rappeur. Je me suis mis à écouter du hip-hop avec Cypress Hill, A Tribe Called Quest … en les écoutant je me suis rendu compte qu’il y avait ce beatmaker derrière les albums et je suis tombé amoureux de sa façon de produire, qui était super différente de celle des autres. C’était autre chose ! Pour nous tous, avec Madlib, c’était ce qui revenait le plus.
Chomsky : C’est un des premiers qui poussait le beatmaking encore plus loin, pour nous c’était une vraie influence. Avant de l’écouter lui, je n’écoutais pas de hip-hop, avec Madlib encore, ce sont les premiers producteurs qui m’ont inspirés. Quand j’ai écouté « Jaylib », c’est à dire l’album où les deux se réunissent, je me suis dit que c’était ce que je voulais faire.
Mr. Gib : Après t’avais le choix : Primo, Pete Rock et Jay Dee, ou d’autres collectifs, mais en mecs solo avec une identité aussi marquée, il n’y en avait pas tant que ça. Jay Dee était pas mal planqué, il était rarement bien crédité, je trouve et j’ai mis un moment à savoir que c’était lui, parce que exemple derrière Erykah Badu, Common, A Tribe Called Quest. C’est la raison pour laquelle on a voulu faire un hommage à son album « Donuts », sortit juste avant sa mort, avec les « Boulangerie », on ne l’a pas appelé « Croissant » mais c’était dans l’idée.
Chomsky : Il était vraiment avant-gardiste dans sa façon de faire groover ses drums; c’est rare des mecs qui inventent un style comme lui. C’est une grosse inspiration, mais aussi une grosse perte aujourd’hui, il a influencé énormément de gens, je pense, dont je fais partie et on peut se demander ce qu’il aurait continuer à produire, même si on ne peut pas vraiment savoir et qu’il vaut mieux ne pas imaginer.
Oogo :C’est vraiment dommage, il est mort au moment où il commençait vraiment à monter ! Il était très underground, même s’il a fait de gros tubes. J’ai entendu dire qu’il avait pleins de projets de styles différents à venir, ça aurait été énorme à entendre, parce qu’il aurait poussé le truc encore plus loin et toujours de qualité !
• Que pensez-vous des sorties posthum de J Dilla, comme « Dillatroit » ou la dernière prod de Joey Bada$$ ?
Chomsky : Tout dépend de la qualité, souvent il y a des mecs qui retrouvent des beats, mais ce n’est pas toujours ce qu’il aurait voulu sortir lui. C’est toujours intéressant de découvrir les coulisses d’un mec comme ça, mais parfois tu sens que ce n’est pas nécessaire, sachant que la plupart sont des versions maquettées qui sont déjà sorties donc là ce n’est pas très intéressant, mais ça le maintient en vie …
Oogo : T’es toujours content quand il y a un nouveau truc, mais avec le temps t’as des trucs moins bien qui sortent et ça désacralise un peu le tout, genre fond de tirroir.
Mr. Gib : Je trouve qu’il y a des projets très intéressants, comme celui de Miguel Atwood Ferguson « Suit for my Duke ». Il a reprit les morceaux de Jay Dee, les retranscrits pour un orchestre et les a fait jouer à des étudiants de Berkley. C’est une démarche nettement plus intéressante, ça continue de le faire vivre mais d’une très belle manière.
• Quel est l’avantage d’avoir crée votre propre label, NOWADAYS records ?
Oogo :Dans l’esprit on est super indépendants, on a envie de faire nos trucs nous-mêmes, pas besoin d’attendre qu’on vienne nous chercher, s’il y a des choses qu’on aime, on peut les faire exister. Le label on l’a monté Chomsky et moi, Gib a monté le studio … On fait tout entre nous.
Chomsky : On est un peu en autocratie. On voulait passer nos sons à la radio, on a crée une radio; on voulait les sortir, on a fait un label.
Oogo : Mais c’est pas l’idée de se retrouver tout seul, au contraire, comme on le montre dans « La Boulangerie » où on est presque 20 beatmarker. Inviter un maximum de gars qu’on aime bien, comme Fakear, de créer une petite famille.
• Du fait que vous ayez chacun votre propre style, comment vous mettez vous d’accord sur le choix des samples …
Oogo : C’est pas facile !
Mr. Gib : C’est la loi du plus fort, on se tape dessus !! Non, souvent, un de nous vient avec un projet de morceau déjà avancé et on propose tous des idées pour le faire avancer, ajouter la patte la Fine Equipe, bien que parfois on ait pas besoin de le faire. On interagit facilement entre nous aussi grâce au fait que l’on fasse du live, parce que ce ne sont pas les mêmes outils ni la même manière de faire.
Oogo : Ca fait 1 an et demi qu’on fait du live, ça nous a permis de travailler d’une autre façon, c’est une adaptation. Il y a un côté un peu sauvage, on a une trame mais on laisse place à tout pour que ça bouge.
• Pensez-vous qu’il a une guerre des villes en France quand il s’agit de hip-hop ?
Oogo : Il y avait à une époque, mais moins maintenant. Après dans le game hip-hop pur, ça existe, mais c’est presque plus par quartiers, par groupes, par crews … On est deux de Marseille, mais entre nous ça va très bien !
Chomsky : C’est un peu obsolette maintenant, les mecs se remixent entre eux; après c’est un truc de MC, nous on n’est pas concernés par ça.
• Pochette Katy Perry pour les compiles Boulangerie VS. pochette Marylin Manson pour Gremlins, what the fuck ?
Oogo : Gremlins, c’est le deuxième après Fantastic Planet, où il n’y a que nous a la prod, même s’il y a un MC surtout pas mal de morceau.
Mr. Gib : Il est personnel mais plus noir, on avait juste envie de faire des morceaux dans cette tendance là, avec toute l’imagerie qui va avec. Monsieur Walter qui a fait le visuel du monstre qui colle bien, le clip est super aussi … et ça a fait sortir un peu A State of Mind de leur côté funky et festif.
Chomsky : C’est vrai qu’avec la Fine Equipe on tend plus à des projets personnels, entre nous, on n’a pas évoqué l’idée de refaire une « Boulangerie ». Avec le label, on fait des projets en dehors du label, comme « Just a lil’beat » qui est une série sur le beatmaking, on essaye de faire ça tous les quatre mois avec deux artistes, ou notre projet avec Oogo, Hoosky, mais le concept d’inviter des gens reste.
Oogo : Pour en revenir aux pochettes, c’est pas calculé, mais c’était presque voulu.
Chomsky : C’est délicat de qualifier la Fine Equipe par des pochettes, parce qu’on avance vraiment par projets. Pour Gremlins, le projet à évolué à partir du titre Gremlins, et on en a fait quelque chose de dark, mais c’était vraiment dans l’idée. On peut plus se qualifier de collectif plutôt que de groupe à proprement dit ..
Mr. Gib : Et puis si on peut ne pas mettre d’image précise sur le groupe, c’est encore mieux ! Ouais, dans l’esprit collectif, comme on disait.
• Vous n’avez jamais pensé à avoir votre propre MC ?
Chomsky : A l’époque de Fantastic Planet oui, mais chacun avait sa carrière donc finalement on s’est regroupé vers le label.
Mr. Gib : On avait Matic, mais il est en tournée tout le temps avec Wax Tailor, c’est difficile de faire des projets avec des gens qui ne seront pas dispo quand tu vas leur demander d’être présents. Si tu fais des featuring, c’est mieux si tu peux les ammener sur la route !
Oogo : Et surtout que ce soit un pote ! Parce que chercher un MC juste comme ça, pour avoir un gars avec nous, c’est nul.
Mr. Gib : On a fait une exception sur « Gremlins » avec Fat Kat, qui bossait avec Jay Dee … Voilà, c’était le kiffe ! On bosse avec un rappeur qui a bossé avec le maître.
• Est-ce que les types de ASM (A State of Mind) sont tarés ?
Mr. Gib : Non ! Ils sont étonnement pros. Je mixe leur album là, c’est très pro, très carré. Ils savent, une fois sur scène, qu’ils ont bien faire leur truc et ils défendent leur projet. Ils peuvent se permettre de se lacher, et c’est tant mieux. Je prends de plus en plus de plaisir à bosser avec eux !
• Quel est le meilleur endroit pour écouter du son ?
Oogo : La voiture, j’adore ça ! A Paris je n’en ai plus, mais la première chose que je faisais quand j’enregistrais un son, c’était de le graver et de l’écouter dans ma voiture, avec les basses qui sonnent super bien, le paysage qui défile … J’ai failli avoir un accident, faut faire gaffe ! Et faut que la bagnole soit bien équipée aussi, c’est important pour avoir du bon son.
Mr. Gib : En fait, Oogo fait du tunning !
Chomsky : Ca dépend du style de musique. J’aime bien la salle de bain ou les piscines désafectées … Nu. En fumant un cigare. Mais j’aime beaucoup les clubs aussi, parce que tu ressens la musique comme nulle par ailleurs.
Mr. Gib : Moi évidemment ici (au studio). Je suis bien là. Je connais, je sais si ça sonne bien. Et j’ai la chance de pouvoir écouter sur des gros system quand je suis en tournée, le son bien fort.
• Et votre son à vous ?
Chomsky : Dans ma tête.
Oogo : Partout ! Je suis très bon commercial.
Chomsky : Au Stade de France !
Mr. Gib : En soirée entre potes, en bagnole quand il fait beau et en concert avec nous. Mais attention, avec un minimum de qualité, c’est mieux !
Oogo : Tout le monde devrait s’acheter une voiture … Le mieux c’est quand tu t’amuses, avec du monde autour, avec un bon système, c’est le plus important.
• Vous prenez des résolutions pour 2014 ?
Chomsky : Finir ce **** d’album, et le live pour faire un nouveau tour.
Mr. Gib : Chomsky doit arrêter de boire aussi !
Oogo : Pas trop, à part qu’on veut être fiers de nous, faire plein de choses et que les gens soient contents. Quand tu fais un concert et que tout le monde se régale, c’est génial. Le prochain tour, on va augmenter le niveau avec un vrai spectacle, qu’on s’amuse et que les gens aussi.
Chomsky : Comme dit Booba : « Faire plus de pèse ».
• Etes-vous Open Minded ?
Chomsky : Non, c’est vous Open Minded, nous on est la Fine Equipe.
Oogo : Moi je dirais que ça dépend de chacun de nous, par exemple Gib … Non, on l’est bien sûr. On écoute tout, on s’interesse à tout, même à des trucs pas biens ! Il y a pas de règle.
Mr. Gib : Tellement open qu’on a pas de goûts …
Chomsky : C’est bon d’être open minded, mais je pense qu’il ne faut pas trop non plus, il faut garder un jugement de valeur. C’est bon, on mérite notre place ?
Un avant-goût de l’EP « Just a lil’ beat vol. 2 » :
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