Depuis quelques années aux Etats-Unis, la tendance est aux collectifs musicaux qui ne cessent de se multiplier. Moyen efficace pour lutter contre la crise économique ou regroupement d’égos pour savoir qui aura la plus grosse ? Alors que la guerre des crews bat son plein entre Young Money, Odd Future, A$AP Mob ou encore MMG, Sire Kanye West vient enfoncer le clou avec sa clique G.O.O.D. Music en clôturant l’été avec le très attendu Cruel Summer. Inutile de le nier, tout ce qui touche à Yeezy est toujours attendu. Mais quand on connait tout le talent individuel des artistes signés sur le label – Common, Mos Def, Kid Cudi, No ID pour ne citer qu’eux – impossible de ne pas saliver devant cette vitrine de rappeurs. Si en plus on y ajoute une ribambelle de guest plus ou moins prestigieux – dont Ghostface Killah, Raekwon, R-Kelly, Jay-Z ou 2Chainz – je vous laisse imaginer la portée commerciale de ce projet. Au final ce premier album dont la jaquette pompe celle de Watch The Throne sans scrupule semble être un peu à l’image d’un PSG version qatari : s’il en impose sur le papier avec toutes ces stars du rap business, qu’en est-il sur le terrain ? Réponse en quelques lignes.
Premier reflexe important : la tracklist. On y compte 7 apparitions de Ye, 5 de Pusha-T et 4 de Big Sean. A l’inverse, Common et Malik Yusef n’interviennent qu’une seule fois et Mos Def n’est même pas présent. Vous l’aurez compris, la disparité de ce LP n’augure rien de bon. On le sent tout de suite, les anciens du crew ont été mis de côté, même No ID n’a pas été convié à la prod. Une première question se pose, cet album est-il vraiment l’initiative du crew entier ? Clairement non, ce disque profite à certains plus qu’à d’autres. Regardez 2Chainz qui ne fait même pas parti du label et qui se permet de poser 3 feats. Les rôles sont inégalement distribués pour ce blockbuster dont les acteurs principaux sont Kanye, Sean et Pusha-T. Ce sont d’ailleurs eux qui profitent des plus grosses productions comme sur « Mercy », surpuissant single dans l’ère du temps. Les autres – CyHi Da Prynce, Cudi, John Legend, Teyana Taylor – ne sont que des figurants ou des acteurs tertiaire destinés à s’entasser à 7 sur un track comme sur The Morning ou à rapper sur des beats moins bon. La monarchie West dans toute sa splendeur. On regrettera fortement la mauvaise utilisation de Kid Cudi, cantonné à nous casser les bonbons sur « Creepers », seul morceau du CD où il n’y a qu’un MC. Un peu comme si il puait et que personne voulait partager son trip. Chelou…
Mais qui est donc le grand gagnant de ce projet ? Avec trois morceaux produits dont deux singles, Hit-Boy est celui qui s’en tire le mieux. Après une mixtape intéressante, le nouveau beatmaker qu’on s’arrache est plus que jamais dans le coup. Une aubaine pour G.O.O.D. Music et pour Kanye qui a trouvé son successeur. Sur « Clique », le beatmaker nous lache une instru saignante qui de temps à autre rappelle légèrement H.A.M. de The Throne. Un peu trop chaud, Big Sean y déclare même My crew deeper than wu-tang. Un manque de politesse – surement du à ce beat bouillonnant – quand on sait que Raekwon et Ghostface Killah sont en featuring sur l’album. Autre tube, « Cold » anciennement Theraflu avec l’inutile Khaled. Pas trop mal, on apprécie surtout le clip détourné. Au final, on dresse un bilan plus que convenable pour le jeune producteur dont vous entendrez encore parler dans les mois à venir puisque comme son surnom l’indique, c’est un hit maker. On a pu le voir avec Goldie d’A$AP Rocky ou encore avec Niggas In Paris de JayKay, le futur du rap mainstream c’est lui.
Le clip détourné de Cold :
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