Après la « pacification », le retour de la violence au Brésil

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Tirs croisés dans la cité de Dieu

L’armée est aux commandes de la ville de Rio. Cette décision prise vendredi 16 février par le président Brésilien Michel Temer, en dit long sur l’éclatement des violences dans le pays et constitue une première depuis la fin de la dictature militaire en 1988.

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L’insécurité semble avoir repris ses droits dans les différents États brésiliens et plus particulièrement celui de Rio de Janeiro. Les cadavres s’accumulent. Les patrouilles n’en finissent pas. Les forces armées ont donc investi la ville face à la hausse des agressions. Durant le Carnaval, qui s’est achevé le 18 février 2018, les slogans rappelaient qu’une femme était agressée toutes les 4 minutes durant les défilés l’an passé.  En 2016, 146 agents on été tués dans « la ville merveilleuse » selon les chiffres de la police militaire. Et ces données s’additionnent.

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Alors que les précédents gouvernements pensaient avoir fait le ménage, la situation sécuritaire semble aujourd’hui ne tenir qu’à un fil. Depuis 2011, des opérations d’ampleur ont été menées pour reprendre le contrôle des favelas et expulser les trafiquants de drogue. Or aujourd’hui, même occupée, les tirs ne s’arrêtent pas dans la Rocinha, plus grande favela du pays, pierre angulaire du fameux programme de « pacification » établi à l’aube des JO de 2016. Un an et demi après les jeux, la situation s’est fortement dégradée.

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La récession économique est un premier facteur explicatif de la crise. Même si les prévisions prévoient le retour de la croissance en ce début d’année 2018, le pays a connu 2 ans de récession, les plus catastrophiques de son histoire. En témoigne notamment les infrastructures des JO totalement laissées à l’abandon. Autre facteur : l’instabilité politique du pays. Les gouvernements se succèdent et la corruption semble demeurée.

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Pour rappel, l’ex-président Lula (2003-2011) a été condamné à 12 ans et un mois de prison pour corruption, le 24 janvier 2018. Sa dauphine, l’ex-présidente Dilma Roussef (2011-2016) a été destituée le 31 aout 2016 pour avoir maquillé la réalité du déficit budgétaire du pays. Aujourd’hui, c’est au tour de Michel Temer, actuel président, qui fait face à des accusations de corruption et est visé par plusieurs motions de destitutions. Difficile de rétablir l’ordre avec tous ces sièges éjectables.

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(crédits photos : The Rio times)

Une autre explication à la crise, digne d’un scénario de la série Narcos, semble se dessiner. Cette escalade de la violence serait une sorte de guerre de représailles contre les forces de l’ordre, responsables de meurtres illégaux durant les opérations de « pacification » de ces dernières années. Le rapport « Goods Cops are afraid » déposé par Human Rights Watch en juillet 2016 indique 645 personnes tués en 2015 par la police. Une atmosphère « Oeil pour Oeil » qui pose des doutes quant à un apaisement rapide des violences.

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