Immersion dans les soirées underground du Tout-Paris

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Pour mon premier week-end à Paris mon copain me propose de le rejoindre dans une de ces soirées underground dont il a tant entendu parler. Il me prévient: « C’est un peu dark comme ambiance, je sais pas si ça va te plaire. Une fois il paraît qu’il y avait une meuf qui égorgeait des poules. Faut être hyper ouvert d’esprit!« .  Ah ouais, quand même.

Aujourd’hui c’est samedi.

16H00 : On reçoit l’adresse et deux-trois recommandations: « habille toi en noir, les filles faut que ce soit sexy et puis pas de photos« . Sexy… j’décide de sortir les talons noir histoire de pas démordre du bon vieux slim passe-partout sans non plus me faire recaler.

2H: J’arrive sur les lieux du crime après avoir sifflé une bouteille de champ’. Jusque là tout va bien.  On roule devant le bâtiment. On dirait une vieille école ou des vieux bureaux, je sais pas trop. Bref, underground comme on dit par ici. Je vois les premiers invités défiler. Des célibataires, des couples, quelques trios. Un public entre les 25-30 ans j’dirais.  Déterminés et initiés, les arrivants repèrent vite les nouveaux: « Vous venez souvent ici ? ».  Le tout prononcé sur un ton soit hautain (ceux qui ont déjà leur place) ou intéressé (ceux qui cherchent un moyen pour rentrer).

 

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2H15: On finit par se lancer. Un premier couple de gros bras ouvre la porte puis on en rencontre deux autres, deux mètres plus loin. Vu le classeur énorme qu’ils ont sous la main et la gueule déconfite de ceux qui attendent sur le côté, le message est clair. C’est l’heure de vérifier que t’es bien sur le fameux « listing ». Mon pote donne son prénom, moi je suis le « +1« , apparemment. Une fois l’admission approuvée, on descends deux étages plus bas pour atterrir dans un fief de 400 mètres carrés. Là, nos smartphones sont réduits au silence: « C’est la seule règle: pas de photos. Tout ce qui se passe ici, reste ici. » Le look berlinois est de circonstance. J’fais tellement tâche avec mes 10 cm de talons… Je file devant le son histoire de me mettre à l’aise puis vais me prendre une bière, deux, puis trois.

3H00: Je m’attendais à autre chose. Pour l’instant je dirais qu’il y a une quarantaine de personnes pas plus. En gros on en est tous là, du reste, à phaser sur le son sans vraiment trop se regarder. Spéciale comme ambiance.

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4H00: L’heure de pointe apparemment! Patrons, journalistes, top-modèles et tatoueurs, il y en a pour tous les goûts. Ça commence à taper du pieds et à se dénuder

4H30: J’ai l’impression que la musique me transperce. Ouais, je trippe total et me fonds plus facilement dans le décor. Les gens commencent à enlever le haut ou à tirer des coups dans la dark room. Deux-trois meufs me roulent une pelle sur la piste. J’ai pas envie de dire non, j’trouve ça même plutôt cool et ça assouvit mes pulsions incontrôlées. Pas de tabou, ni inhibitions, voilà ce que proposent les soirées parisiennes du moment!

5H00: « Ma chérie » « Mon petit chat » « Tu me fais un câlin? » « J’peux t’embrasser? » « Tu veux du speed?« . On passe de la soirée dark au monde des bisounours, tout le monde s’aime et tout le monde veut baiser avec tout le monde. Le drogue est omniprésente: weed, coke, MD, speed, TAZ… Bienvenue au paradis des pupilles dilatées.

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09:00: Ca doit faire des heures que je danse en extase devant la musique. J’ai dû parlé à des centaines de personnes et me suis fait payer je n’sais combien de bières. Quelle agréable sensation de désinhibition… Puis devant le son j’ai senti comme un malaise, d’un coup. Je regarde autour de moi puis tout me semble moins merveilleux. J’entends plus les gémissements stridents de la dark room que le DJ.  La moitié des gens sont à poils et les autres en trans totale. J’étais comme ça y’a deux minutes? Je bloque, j’analyse tout autour de moi puis le je sens le besoin de m’échapper de cette étuve simulée. Je commence à chercher mon mec et une meuf m’attrape le visage, m’embrasse langoureusement et me…mord la lèvre! C’est quand j’ai compris que j’avais la bouche en sang que je me suis dis qu’il fallait que je bouge de là histoire d’en garder un bon souvenir. Sacrée soirée.

12H00:  Qu’est-ce qui m’a le plus marqué en sortant de là? Je crois que ça doit être le soleil que je me suis pris en pleine face, ou bien les gens qui nous dévisagent dans la rue, en se demandant d’où on peut bien sortir. On passe du tout au tout. C’est trop. Je vomis mes tripes cinq bonnes minutes puis on se trouve un bar sympa, histoire de revenir à la réalité. Voilà le moment que j’ai préféré finalement: on a juste chanté pendant deux heures, comme des gosses.

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