Lesbiennes, gay, bi et trans risquent leur vie chaque jour dans les rues du Brésil.
Chacun de nous est différent de la personne d’à côté. Que ce soit la couleur de peau, les origines, le langage, les coutumes, la religion, les vêtements, l’attitude, et la sexualité. Et si en France, on essaye tant bien que mal de ne pas tomber dans la paranoïa et l’intolérance, dans d’autres pays, la réalité est parfois pire.
Lorsque l’on écrit « Transgenre Bresil » dans la barre de recherche Images de Google, quelques unes des visuels qui apparaissent sont d’une violence inouïe. Des personnes allongées à terre, à côté d’une flaque de sang. Et pas moins d’une dizaine de photos de ce genre. Pourquoi une telle haine envers ces personnes ?
Au Brésil, la tolérance s’évanouit avec le temps, de même que l’évangélisme progresse. On compterait donc 42,5 millions de brésiliens évangélistes. Ce beau mélange des religions catholiques tend à être plus conservateur et plus ancré dans le respect des traditions. Bien que le pays soit laïque (l’État et la religion sont séparés), la persécution à l’égard des minorités est courante. Dans la ligne de mire des évangélistes : pratiquants de cultes d’origine africaine et les membres de la communauté LGBT et trans.
Si en 2013, le Brésil autorise le mariage homosexuel et se place alors comme l’un des premiers pays du monde à le légaliser, cela n’empêche pas les assassinats de personnes LGBT. Pire, le nombre de décès augmente chaque année, si bien qu’entre 2000 et 2014, celui-ci a doublé : 130 meurtres en 2000 contre 326 en 2014 (selon Amnesty International). Le Brésil est un de pays où le taux de crime contre la communauté LGBT est le plus élevé.
En 2013, lorsque la légalisation du mariage homosexuel est votée, la population brésilienne semble se détendre et accepter un peu plus les travestis, transgenres et transsexuels. Certains disent même que le tout premier bisous gay vu dans une telenovela, un programme télévisé très populaire au Brésil, a permis à de nombreux brésiliens d’avaler la pilule. Mais ce n’est en fait que du vent… Le pays laïque et dont la religion se targue d’être tolérante est en train de voir une frange de sa population s’engager plus profondément dans l’église évangélique, qui punit et rejette toute forme de marginalité. Il n’est pas rare de voir des personnes ayant fait leur coming-out se faire congédier du foyer familiale… faisant augmenter le nombre d’individus sans domicile fixe. 82% de ces derniers sont dans la rue à cause du chômage, de la consommation de drogue ou d’une rupture des liens familiaux.
En 2013, le gouvernement de Rio de Janeiro vote une loi contre les discriminations homophobes pour tenter de réduire le nombre de meurtres, les accusés s’exposent à une amende de 60 000 dollars. Mais la principale concernée, l’Église, s’en fiche royalement. Elle n’est pas sujette à la loi votée par le gouvernement, chaque lieu de culte ayant la possibilité de refuser mariages et baptêmes sous prétexte qu’ils sont gay ou trans.
Dans la politique, les propos discriminants à l’égard des LGBT sont courants. En septembre 2016, Manoel Santana Isidório, un pasteur de la région de Nordeste aussi père de sept enfants et exerçant dans un centre d’accueil pour toxicomanes déclara, dans le cadre de sa campagne aux élections :
J’ai été gay, oui. Je me suis fait brûler la rondelle, et bien brûler ! Mais ce qui importe, c’est que Jésus a changé ma vie. Aujourd’hui je suis pasteur, mais j’ai été un démon. (…) Je n’ai aucun préjugé. Je vis au milieu de garçons homos et de filles qui aiment mettre les araignées avec les araignées. Sans homophobie, sans violence, parce que la Constitution garantit les droits de tous.
La violence est présente aussi dans le milieu policier, comme en témoigne un étudiant brésilien de 20 ans, Matheus. Lors d’une marche en l’honneur du feu chanteur David Bowie, c’est après avoir embrassé son copain qu’il s’est fait frapper par plusieurs personnes.
Quand on a prononcé les mots violences de genre et homophobie, les policiers nous ont ri au visage. À demi-mots, l’un d’eux nous a dit qu’il ne pouvait rien faire, qu’il ne pouvait pas agir de façon brutale juste pour défendre un couple d’homosexuels.
Et encore plus grave, en décembre 2016 dernier, Itaberli Lozano a été tué par sa propre mère qui refusait catégoriquement son homosexualité. Il était âgé de 17 ans.
Les violences faites à l’égard de la communauté LGBT et principalement des personnes trans sont en hausse constante, et ce constat est extrêmement dramatique… Le Brésil ne semble pas agir en profondeur pour palier à ces meurtres atroces, et ne modère pas la montée de l’église évangélique dans le pays. Car chaque pratiquants de plus, est une menace de plus pour des individus considérés comme des erreurs de la Nature, opprimés et marginalisés.
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De nombreux gays, lesbiennes et trans ont dû quitter leur foyer par obligation, leur famille n’acceptant pas leur nature…C’est dans des lieux réinvestis et réaménagés avec les moyens du bord que ces hommes et ces femmes trouvent bien plus qu’un toit. Ils y trouvent un refuge, une deuxième famille, des oreilles attentives et tolérantes.
Le photographe Nacho Doce s’est rendu dans un squat de Sao Paulo pour documenter la vie quotidienne de ces personnes comme nous tous, mais qui risquent leur vie en marchant dans les rues du Brésil.
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