Au Yemen, Murad Subay préfère se battre avec des pinceaux

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Le banksy yéménite

Artiste de 29 ans né au Yemen, Murad Subay est le Banksy local. Mais contrairement au street artist britannique qui dissimule son identité, Murad Subay expose son visage et ses oeuvres à la vue de tous. C’est en 2001 qu’il commence à peindre sur les murs de Sanaa, la capitale du Yemen et c’est presque seul qu’il lance, dans un pays divisé et en guerre le street art yéménite. Et dans une dictature, pas évident de faire des graffitis politiques sans être inquiéter. 

 

Murad

 

Cependant, Murad Subay n’a pas toujours été un artiste pacifiste. En 2011, il est un des leaders du printemps arabe au Yemen, durement réprimé par le régime. Mais au moment où ces camarades prennent les armes, il choisit le pinceau et les bombe de peintures. Aujourd’hui pacifiste , Murad Subay dénoncent sur les murs de son pays les atrocités de la guerre civile opposant les miliciens chiites au régime sunnite soutenu par l’Arabie Saoudite et les États-Unis. L’artiste combat aussi l’intégrisme religieux caractérisé par la forte présence d’Al Qaida dans la région mais aussi la politique interventionniste des États-Unis, symbolisé par les attaques quotidiennes de drones.
pourquoi ??

Sa première campagne « colore les murs de ta ville » a été lancé en 2012 juste après les affrontements qui avait secoué la capitale. La campagne visait à effacer les traces du conflit dans les zones les plus touchées. Il encourageait ainsi les passants et les habitants sur les réseaux sociaux à venir peindre des messages de paix sur les ruines des immeubles détruits par les obus et les balles. Cette campagne a duré trois mois et s’est étendue à d’autres villes du pays comme Aden, Taizz.

 

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En 2012, il lance sa deuxième campagne, « les murs se souviennent de leurs visages ». Elle présentait les visages de policiers, civils et opposants politiques disparus. Dans un pays où toute contestation est sévèrement réprimée, sa démarche a pourtant fait le tour du pays et ces visages oubliés ont pu atteindre des provinces reculées. Souvent ironique et irrévérencieux, Murad Subay n’a pas encore été censuré ou intimidé par le gouvernement à l’inverse des extrémistes religieux qui l’ont menacé de mort.

 

the walls remember their faces campaign 2

 

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« 12 Hours », sa campagne la plus récente mettait en avant les 12 plus gros problèmes rencontrés par la société yéménite. Vaste programme pour un pays déchiré par la guerre civile. On peut citer au delà du terrorisme et de la dictature le trafic d’armes, les enlèvements, le trafic d’organes et d’êtres humains ou encore les frappes de drones. Avec sa démarche positive, l’artiste a reçu des récompenses liés à l’art ou encore le soutien de l’ONU qu’il a préféré rejeter pour maintenir son autonomie.

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Murad

 

En l’espace de deux ans, Murad Subay a peint sur plus de 2000 murs dans tous le pays, invitant quiconque le souhaite à venir participer. « Mes campagnes ne seraient rien sans les gens, même des soldats baissent leurs armes pour donner des coups de pinceaux » dit l’artiste. Et entre la guerre civile, le sectarisme religieux et l’ingérence étrangère, les modestes peintures politiques de Murad Subay ne peuvent être que positives et saines dans une société dictatoriale ravagée par la violence.

 

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