On a discuté avec Gildas, organisateur d’Astropolis

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Astropolis

Astropolis raconté par un des ses organisateurs

9h30, l’heure d’appeler Gildas Rioualen, l’un des organisateurs du très grand festival Astropolis, qui, une fois encore cette année, annonce du lourd. Du coup, on lui a posé quelques questions et le mec est très intéressant.

 

Quel est votre artiste coup de cœur sur lequel vous misez pour cette 22ème édition ?

 Difficile d’en choisir qu’un seul. Je suis particulièrement heureux d’accueillir cette année

– RS Records que je suis maintenant depuis 25 ans
– Le label Kompakt à l’espace Chill Out
– Emmanuel Top qui fait son retour et qui est quand même un gros ambassadeur de la musique électronique, avant les Daft Punk, début 90
– Helena Hauff qui est une superbe découverte
– Beaucoup d’artistes de la scène locale. On reçoit plus de 250 démos donc le choix est difficile mais ce qui nous intéresse aussi, c’est de permettre à ces jeunes artistes d’être un tremplin pour eux. On pense notamment à Blutch, qu’on a découvert il y a 2 ans et qui fait désormais partie de notre programmation.

Pourquoi s’être implanté à Brest ?

Tout simplement parce qu’on est brestois !
C’était un pari risqué parce que forcément, Brest c’est pas la ville la plus sexy de France mais quand on regarde l’offre de festivals qu’il y a, on réalise bien que la Bretagne est une terre de festivals – et c’est confirmé par les clubs qui sont vides.
Les Vieilles Charues, le festival du Bout du Monde, Astropolis…On réalise bien que la Bretagne est une terre d’ouverture et d’accueil qui a un potentiel immense. Et on réalise bien qu’aujourd’hui, on arrive à faire venir les gens, donc la Bretagne attire mine de rien !

 Est-ce que « Astropolis » a une signification particulière ?

Avant de lancer Astropolis, on était déjà actif dans le milieu parce qu’on organisait des soirées dans les environs. Les personnes qui fréquentaient nos soirées dans les années 90 donnaient une ambiance assez cosmique au milieu techno et les gens qui suivaient le mouvement étaient peu nombreux.
A cette époque, on souhaitait lancer un truc plus gros. On s’est inspiré du Tribal Gathering, festival techno qui se déroulait en Angleterre, avec cette idée de 1 style de musique/chapiteau. Du coup, Astropolis c’est sorti après de nombreux apéro/after, de longues discussions et ça fait référence à une cité des étoiles !

Est-ce que vous avez vu une évolution de votre public depuis 22 ans ?

Oui beaucoup. Au début des années 90, le mouvement commençait à peine et c’était incroyable de voir que tout le monde se lâchait, se mélangeait, il y avait vraiment de tout. On était en plein dans une philosophie hippie moderne, tout le monde aider à nettoyer le site après, fin c’était complètement différent d’aujourd’hui. Tout ça c’est fini.
Aujourd’hui, on est beaucoup plus dans une optique grand public. Le marketing et le business ont pris le dessus. A la fin des années 90/début 2000, les free party sauvages sont apparues. C’était un mouvement libertaire qui a complètement était dénaturé par l’argent, c’est devenu moins marrant.
Après, même si ils ont beaucoup été critiqués, j’estime que Ed Bangers et Boys Noize ont réussi à donner un nouveau souffle et une nouvelle énergie à ce milieu. Ils ont permis la mixité du public. En plus, avec l’arrivée d’internet, de nouvelles portes sont ouvertes au public qui le rend plus évolué.
On peut toutefois dire que nous avons un public acquis mais il faut qu’on fasse attention dans le sens où l’offre est très élevée et il faut réussir à faire de la place à tout le monde. C’est pour ça que nous, étant passionnés, on bosse et on réfléchit beaucoup sur le line up qu’on propose. Avec Manu Le Malin et Laurent Garnier, on lutte pour la reconnaissance de la culture tout en défendant les bonnes valeurs.

 

Astropolis

 

Astropolis est aussi présent dans d’autres villes, est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui c’est nécessaire ?

On s’est beaucoup développés dans le grand ouest, Caen, Poitiers, Angers, et plus au sud, et c’est notre limite, Bordeaux ! On fait aussi des soirées au Rex à Paris.
Nous on a appris sur le terrain et on trouve ça intéressant et important de fédérer les forces pour pouvoir se développer correctement et pas à l’arrache. On a beaucoup de contact avec les différents collectifs et ça nous permet de confronter des méthodes de travail. Ça permet aussi de maintenir de bonnes relations et c’est pas négligeable.

Des idées pour les prochaines éditions ?

Non ! On a beaucoup de mal à se projeter. Le système veut qu’on sache quoi faire des mois à l’avance mais nous on souhaite construire une histoire. On a besoin d’avoir le recul nécessaire pour pouvoir ne pas faire de copié/collé. Booker des artistes des mois à l’avance, ça dénature le projet, une prog ça se réfléchit. Dans mon cas par exemple, une fois le festival terminé, je sais que j’ai besoin de repos et de me couper de toute musique pendant un moment pour pouvoir intégrer l’édition qui vient de passer sereinement !

Que pensez-vous du Weather, qui est quand même un gros monstre dans le milieu ?

Je respecte totalement le festival. Ils ont des bons goûts musicaux, une programmation riche. Mais les plateaux 100% techno je trouve ça chiant. Après ils ont une identité différente de la notre. La majorité des gens est cloisonnée dans leur style. Du coup, nous on veut mélanger les styles, attiser la curiosité du public, faire découvrir de nouvelles choses et confronter des styles différents.
Du coup, ils n’ont pas l’identité que moi, je souhaite communiquer, mais je vais pas pointer du doigt le fait qu’ils soient différents de nous, au contraire c’est cool.

Quel artiste voudriez vous faire venir ?

L’artiste que je regrette de ne pas avoir fait venir en tous cas c’est Aphex Twin. Dans les années 90/2000 ce mec était un véritable laboratoire, il faisait des choses vachement expérimentales qui étaient dingues. C’était l’époque un peu barrée où il se défonçait pas mal et c’était assez compliqué de le faire venir. Même si ont lui a fait des propositions très alléchantes – notamment, aller bouffer des acides au bord de la mer ou s’installer dans une maison dans la montagne avec des druides pas loin !
C’est assez dommage.

La page du festival se trouve juste ici, et la 22ème édition semble une nouvelle fois très prometteuse.

 

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