Un ciel gris au pays du bonheur
Enclavé entre l’Inde et la Chine, niché au pied de l’Himalaya, ce pays du Sud-Est ne dénombre que 750 000 habitants et est loin d’être une destination touristique tendance. Il est surtout connu pour son BNB ou Bonheur National Brut. Vous avez trouvé ? Le Bhoutan !
Contrairement à notre PBN (produit national brut) qui mesure la richesse des citoyens, le BNB mesure le niveau de bonheur des bhoutanais. Autres points positifs ? L’éducation et les soins sont gratuits pour tous. Tous les mardis, c’est la journée sans voiture dans le pays afin de réduire la pollution et encourager l’exercice physique. De plus, la moitié du pays est préservé avec des parcs nationaux et le Bhoutan, si tout va bien, sera le premier pays au monde à se satisfaire d’une agriculture biologique en 2020.
Avons-nous trouvé le paradis ? Pas si vite. Sous son image de bonheur parfait se cache pourtant une face plus sombre. Même si un seul feu rouge orne la capitale Thimphou, ses routes s’engorgent de plus en plus créant parfois des bouchons. Difficile de faire face à une mondialisation grandissante, la consommation s’est emparé des bhoutanais qui n’hésitent pas à s’endetter afin d’accéder aux biens matériels.
Niveau interdiction, le pays y va fort. La télévision et internet étaient interdits jusqu’en 1999 pour garantir une identité forte et éviter un impérialisme culturel. Aussi, pour préserver la bonne santé de ses habitants, le gouvernement prohiba le tabac en 2004. Toute introduction dans le pays est passible d’une peine de 3 à 5 ans de prison. Le karma n’est pas toujours au rendez-vous. La pauvreté, problèmes de drogue, insécurité et chômage élevé viennent ternir l’image idyllique.
Si tu veux encore visiter le Bhoutan, c’est tout à ton honneur car tu pourras y admirer une nature incroyablement belle et des temples somptueux à flanc de montagne.
Cependant, quelques petites règles sont à suivre. Le pays a très longtemps été coupé du monde et ne s’est ouvert doucement aux touristes qu’en 1974. Pour éviter un tourisme de masse, le Bhoutan n’accueille qu’un quota de 100 000 touristes par an. Chaque touriste doit obligatoirement se soumettre à un circuit organisé et doit dépenser en moyenne 250$ par jour. C’est le gouvernement qui fixe les prix des hébergements, transports, guides, repas…Une excellente combine pour amasser de l’argent alors qu’en réalité un bhoutanais sur quatre vit avec moins de 2$ par jour.
Le Bhoutan, malgré ses quelques zones d’ombres, reste méritant pour sa conception nouvelle du bonheur au cœur de la société. Sa capitale n’est pas une métropole oppressante, sans buildings, publicités, ni McDonalds, plus facile de voir l’horizon. Espérons seulement que le pays continue à multiplier ses efforts de sauvegarde de sa culture et ne se transforme pas radicalement comme Cuba, qui voit déjà les prix de ses locations augmenter considérablement.
Solenn Cordroc’h
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