Le punk des années 90 : la Californie contre-attaque

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sum41 le punk des années 90

Le punk des années 90 n’est pas mort et il s’est mis au skate

« Punk’s not dead » hurlaient les Écossais de The Exploited au début des années 80. Plus que le refrain accrocheur d’une chanson, c’est devenu le slogan de la deuxième vague Ppunk, supplantant le « No future » de ses ainés. Non le punk n’était pas mort, seulement blessé. Cependant, tel un petit mammifère survivant à un cataclysme planétaire, en l’occurrence, ici, les années 80 (avec, entre autres, la séparation des Pistols et la popisation des Clash), il a su survivre, évoluer et muter pour mieux s’adapter à son nouveau milieu. This is Darwin Bitch ! Avec l’arrivée au pouvoir de Reagan, Thatcher et la chute du bloc soviétique, l’économie se mondialise et avec elle, les problématiques que l’on connaît. Tu découvres que ce n’est plus toi ou ton voisin qui êtes dans la dèche mais carrément des populations entières qui se situent à des milliers de kilomètres. Pour grossir le trait, tu passes des Resto du Cœur à We Are The World.

Bref, les années 80, la décennie de tous les extrêmes, du fric-roi et de l’indifférence générale…enfin presque.

C’est dans ce contexte que prend naissance la deuxième vague punk qui explosera véritablement au début des années 90. Aux États-Unis, l’épicentre du mouvement s’est déplacé de New York à la Californie et peut se caractériser par deux styles bien distincts qui s’aiment, s’inspirent et se haïssent comme des frères : certains groupes comme Rancid, Social Distorsion ou Bad Religion vont rester dans la continuité de l’ancienne garde, c’est à dire le look cuir et crête et le coté militant et politique, tout en y intégrant les nouvelles thématiques dues à la globalisation.

rancid punk des années 90

Tandis que d’autres groupes, sous l’influence d’une culture surf et skate, vont remplacer les blousons en cuir par des baggys et se recentrer sur des thèmes plus proches d’eux, mieux connus : le lycée, les déceptions amoureuses etc. Le tout sur une musique plus élaborée et ultra-mélodique. Mais si certains y voient dans ces derniers uniquement de punk, le triptyque d’accord et le rythme rapide, c’est un peu plus complexe que ça ; En effet même si ces « problèmes » semblent dérisoires à l’échelle mondiale, le schéma reste le même car il s’agit toujours de jeunes qui se rebellent face à l’autorité (le proviseur, les profs, les parents) et qui revendiquent leurs droits à l’égalité face à une minorité qui détient la plupart des ressources (la popularité, les invitations aux fêtes, les pom-pom girls etc.). De nombreux teen-movies mettant en scène cette jeunesse contribuera fortement à la popularisation de ce punk-rock et…à le rendre commercial. Et oui rappelle toi, c’est un peu grâce à Blink-182, GreenDay ou The Offspring si du jour au lendemain tu es passé de gros loser, à loser-cool au lycée.

Musicalement, l’heure est aussi à l’ouverture et aux échanges au grand dam de certains puristes. C’est ainsi que l’on retrouve de nombreux styles parfois très éloignés du punk originel comme le ska, initié par The Clash et repris magistralement par Rancid, le heavy metal pour Sum 41 et même des influences traditionnelles scandinaves ou celtiques qui donnent naissance au punk-tradi. C’est d’ailleurs ainsi, qu’en Angleterre, un groupe venu d’Irlande va perpétuer l’esprit punk au nez et la barbe d’une Angleterre tournée vers la new wave et le pop-rock : The Pogues. Le groupe de Shane McGowan en inspirera de nombreux autres comme les Flogging Molly ou les Dropkick Murphy’s.

the pogues

Du coté de la France, on retrouve du politique et du délirant dans la veine des premiers punks comme par exemple les Sales Majestés ou Les Wampas. Cependant certains nouveaux groupes délaissent le chant en français pour des textes en anglais et des sonorités plus proches de leurs cousins Ricains. C’est le cas des Uncommonmenfrommars et des Burning Heads pour les plus connus.

uncommonmenfrommars

Et puis le temps a fait que les adolescents que nous étions sont devenus des adultes de l’an 2000, propulsés, malgré nous, dans l’ère de l’internet et du téléphone portable. Le lobby des slims et des Stan Smith a fait plier celui des jeans baggy et des Converses et la nouvelle jeunesse rebelle s’est éparpillée entre le nu-métal, le gothique, le rap, et plus grave encore…le R’n’B.

Mais bon comme on dit : jamais deux sans trois, et par les temps qui courent, ça ne serait pas étonnant.

Wait and see…

 

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