The Shoes, « enfultes » et têtes de mules

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The Shoes : « On n’est pas tout à fait des adultes ni des enfants, on est des enfultes »

Open Minded a rencontré Benjamin et Guillaume, la doublette de compères qui forment ensemble The Shoes, au showroom parisien de la marque mythique de guitares Gibson. Après avoir laissé les deux musiciens faire joujou avec les quelques (nombreux) bijoux trônant dans le spot, à coups de « Melody » gainsbourienne et de « Walk on the wild side » du grand méchant Lou, les loustics, fiers adeptes de bistrots PMU, se sont installés…au bar boisé du showroom. Brèves de comptoir.

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Open Minded : Votre nouvel album s’appelle Chemicals. Au-delà de l’hommage aux Chemical Brothers et à cette scène dont vous faites partie, faut-il aussi y voir l’image de deux savants fous qui mélangent les produits de toutes sortes et qui attendent de voir ce qui va se passer ?

Guillaume : Ouais, c’est bien décrit, parce que des fois ça se passe pas très bien. Des fois on fait des essais un peu chaotiques. Pour faire ce qu’on estime être une bonne chanson, on doit en sortir quatre ou cinq pas terribles, mais c’est vrai qu’on mélange et on fait des tests.

C’est un peu une alchimie, tout ça…

Benjamin : Oui. Ici on a voulu essayer de se mettre un peu en danger, ou en tout cas ne pas utiliser toutes les recettes qu’on connaissait. Ça relève d’une expérience, fructueuse ou non.

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Vous dites que Chemicals est votre troisième album pour éviter la pression du deuxième album. Dans ce cas, quels enseignements tirez-vous de votre deuxième album imaginaire ? ça vous a fait quoi de dépasser Thriller de Michael Jackson en termes de ventes ?

Rires

G : Écoute, on en a tiré des enseignements assez riches. C’est un album qui a été fait trop vite, en sortie de tournée, en pleine dépression comme tous les deuxièmes albums, avec la pression de la méchante maison de disques qui t’oppresse. On s’est ramassés avec ça, et là on arrive avec le troisième album. L’album de la maturité…

B : Notre premier disque, c’était plutôt l’enfance. L’adolescence, on l’a complètement oubliée. On est devenus adultes tout de suite.

G : On n’est pas tout à fait des adultes ni des enfants. On est des enfultes.

B : Mais, en fin de compte, c’est quand même notre troisième album parce que Crack My Bones, notre premier, on l’avait déjà sorti bien avant au Japon. Donc quelque part c’est un demi mensonge.

Vous avouez que vous faites des demi mensonges, en plus !

G : Oui, bon, arrête de nous faire chier… Il est en train de nous faire passer pour des sales types ! rires

Plaisanterie mise à part, on vous sent un peu plus zens par rapport aux albums précédents. Crack My Bones, et celui de la maturité, comme on dit. Et voilà, on avait anticipé les questions…!

G : Moi, je ne trouve pas du tout. Je trouve que cet album est beaucoup plus énervé que le premier. Je le trouve pas plus zen. Il est même beaucoup plus tendu, même en termes d’artwork. Alors, évidemment on a voulu tempérer cet album, ne pas faire quelque chose de monolithiques.

C’est vous qu’on sent plus zens…

G : Actuellement, je suis très véner !

B : Il est chaud en ce moment. Fais gaffe avec tes questions parce que ça part vite en ce moment.

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C’est un drame national qui est en train de se jouer. Les audiences du Grand Journal sont catastrophiques cette année. Pensez-vous que c’est dû au fait que ce n’est plus votre remix qui est utilisé au générique ?

G : On est très attachés au Grand Journal, qui nous ont toujours suivis et soutenus. On y a joué beaucoup. Quand on arrive là bas ils nous appellent “tonton”. On fait la bise à tout le monde… Blague mise à part, c’est vrai qu’ils nous ont beaucoup suivis, et ce qu’on appelle l’esprit Canal + c’est toute notre enfance, notre adolescence, mais je pense qu’ils ont les moyens de se relever, d’inventer des nouvelles choses. Je pense qu’il faut qu’il inventent un nouveau ton, se demander quel est l’esprit de canal maintenant.

Guillaume, tu es fan de BD. Penses-tu que la BD est l’équivalent pop de votre musique en littérature ?

Te dire oui serait très prétentieux. La BD c’est très riche, ça n’a rien à voir avec la littérature, mais c’est un art pictural, alors qu’on essaye toujours de confronter les deux. Il y a un aspect narratif, mais la littérature et la BD sont deux arts complètement différents. Et il y a plusieurs niveaux de bédé : je lis de la BD gogole, je lis de la BD intello. Nous, notre musique, est-ce qu’elle est gogole ou intello ? je pense qu’elle est un peu des deux.

Benjamin, d’où vient cette veste en jean que tu portes presque tout le temps ?

B : Oh putain c’est drôle, c’est vrai que je la mets souvent. Elle vient d’une friperie, je l’ai depuis longtemps. C’est très dur à trouver et souvent très cher. C’est avec mon pote Julien qui a mixé en partie l’album. On sortait du Silence de la rue qui est mon disquaire préféré à Faidherbe et je l’ai achetée. Elle est un peu trop petite.

G : Mais toi ça te va bien les trucs trop petits, tu es toujours habillé trop petit. Et moi trop grand. Tu sais, comme Bourville et De Funès dans la Grande Vadrouille. Ouais, on a des références ou on en a pas ! Moi un m’interroge sur la littérature ou la BD, et toi sur ta veste en jean !

Je vais vous poser des questions comme des animateurs célèbres de l’hexagone. Vous allez chacun choisir un nom, Ruquier, Ardisson, Sébastien ou Hanouna ?

B : Ardisson !

G : Sébastien !

Sébastien : Super ma couille, ça vous dit le bois de boulogne après l’interview ?

G : Si t’avais fait la voix ça aurait été génial. Ben non… pour faire un footing, je sais pas. Bon je vais prendre Ruquier.

Ruquier : Alors The Shoes, qu’est-ce que ça vous fait de collaborer avec des pointures ?

G : On revient à Patrick Sébastien !

Ardisson : Lequel des deux chope le plus de meufs après le concert ?

G : Ça se passe de commentaires, ça se voit tout de suite que c’est moi le loser !

Hanouna : Alors mes chéris, vous allez devoir jeter des chaussures dans la gueule de Jean-Michel Maire pendant qu’il chante une de vos chansons, vous allez voir ça va être super !

G : Ouais ouais avec plaisir, mais je mettrai des Doc, un truc bien lourd ! je vais pas lui balancer des petites Nike Air qui font deux grammes !

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Dans quel état d’esprit allez-vous aborder vos futures dates parisiennes ?

G : C’est vrai que c’est une question centrale, puisqu’il se trouve que le jour des attentats, on était chez Taddei, on enregistrait une version acoustique de « Submarine ». L’info est tombée pendant qu’on était en train de jouer. C’est un truc que je n’oublierai jamais de ma vie. On était en train de jouer et là je vois les gens qui se décomposent dans le public, tout le monde était sur les smartphones, on a senti un truc.

B : Moi je l’ai su juste avant qu’on fasse ça, je l’ai pas dit à Guillaume. Et forcément, c’est un peu dur de parler de ça, mais en ce qui nous concerne, on avait notre Olympia le mercredi suivant.

G : On s’est pas senti le cœur de le faire.

B : On voulait présenter quelque chose de très fun, ça devait être festif. C’était vraiment pas le moment.

G : On a reporté la date au 14 janvier, et j’espère que les gens auront repris le goût de la fête. Pour l’instant c’était trop difficile. On voit ça de notre fenêtre à nous. Quand on a arrêté de jouer chez Taddeï, on a allumé la télé, et la première image qu’on a vue c’était la porte d’entrée de chez Benjamin. ça se passait à côté de chez lui. il y a quelque chose de très réel d’un seul coup.

B : Pas très réel, c’est toujours irréel. Le marché en bas de chez moi, t’as plus de militaires que de petites vieilles, moi je réalise pas tout ça

G : C’est notre métier qui a été touché directement, tous les gens qui sont dans la culture, dans la musique etc, connaissaient quelqu’un qui était là bas, ou qui était dans le quartier ou qui travaillait sur cette date. Donc on a été touchés directement. Mais il faut pas oublier que le peuple irakien, ou en Syrie, ou en Libye, ils vivent ça tous les 15 jours. Là, d’un seul coup, la réalité, on la prend en pleine face. Donc là la réalité est très brutale.

Histoire que vous nous donniez un peu d’actu, quelle est votre actu à venir, et que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

B : Nous souhaiter que des bonnes choses, hein ! rires

G : Côté actu, des clips qui vont sortir très bientôt, notre Olympia reportée au 14 janvier. On a fait un album qui, selon moi, est assez riche, avec beaucoup de tiroirs dedans et de styles. On a envie de le faire découvrir petit à petit avec des mises en avant à droite à gauche.

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Are you really open minded ?

G : Oui, enfin ça dépend ! question à tiroirs, mais globalement oui !

B : Moi aussi.

G : Oh ben toi, oui.

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J’aimerais que vous fassiez un truc. Interviewez vous vous-mêmes maintenant ! Guillaume, une question à poser à Benjamin, et vice versa ?

B : Guillaume va trouver en deux secondes.

G : Non mais moi je suis un vicelard ! j’ai que des trucs de salopard qui me viennent à l’esprit.

B : Tu m’en veux toujours pour ton ex ? j’ai pas fait exprès, j’étais bourré. Rires

La vérité c’est que oui, je suis rancunier et je t’en voudrai toute ma vie.

Et toi, est-ce que ça t’emmerde que je sois meilleur que toi ?

Non, pas du tout. (En aparté) c’est quelqu’un qui fabule beaucoup… Rires

 

Un grand merci à The Shoes, à toute l’équipe de Gibson, à Labelgum et à [PIAS].

Crédit photos : BG

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