Pitié, arrêtons de parler de politique sur Facebook

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La politique, c’est souvent pathétique alors limitons la casse.

C’est magique, j’ai même cru rêver. Suite à l’attentat du 7 janvier (le jour de mon anniversaire faut le faire) presque tous les clivages politiques et idéologiques qui entachent mon fil d’actualité ont disparu.

Une harmonie sociale machiavélique rendue possible lorsqu’un peuple s’unit contre un ennemi commun, en l’occurrence l’extrêmisme religieux. Ce genre de cohésion fait chaud au cœur car d’habitude sur Facebook nous sommes des millions à donner notre avis sur tout mais sur la base de rien et forcément ça dérape vite.

La politique, c’est comme une émission de téléréalité, X fait un coup de pute à Y quand W sodomise Z. De la même manière, le buzz est constamment alimenté, à la seule différence que lorsque Nabilla parle shampooing, ici on parle corruption, croissance et pacte de responsabilité. Cependant, le CV des mecs (aussi long que la poutre de Bamako) ne relève pas forcement le niveau, loin de là.

Autre parallèle inquiétant, la politique est une histoire de clan, de team mais cette fois y’a pas que des numéros 10 t’as vu. A la manière d’un Koh lanta, il faut choisir son camp, soutenir son poulain et le défendre coûte que coûte, quitte à écraser un kebab sauce algérienne à peine entamé sur son voisin pour qu’il comprenne que « Moundir est plus fort que Thierry » ou que «Sarkozy aurait fait mieux qu’Hollande». Et puis, la nature humaine est tellement mal faite qu’on change rarement d’avis et que notre fierté nous obligera constamment à donner tort à notre interlocuteur. C’est là que Facebook intervient et empire le truc, je m’explique :

Vous l’avez sans doute remarqué mais par rapport à la « vraie » vie (celle où les filles ne sont pas toutes bronzées et en maillot de bain), Facebook a ce petit défaut de laisser des traces écrites. Du coup, quand un tocard décide qu’aujourd’hui «trop c’est trop, il faut que j’exprime mon désaccord en public», en résulte  souvent une interminable prise de tête. 8 jours et 156 commentaires plus loin, après avoir eu le temps d’écouter la discographie complète de Mylène Farmer et d’aller chez l’ORL, tes amis se chamaillent encore.

Batman baffe

Mais ce n’est pas tout. Non, le plus énervant, ce sont ces gens qui en plus du pavé imbuvable de 30 lignes qu’ils écrivent, ponctuent leur monologue d’un sombre article de blog venant «appuyer leur propos». En effet, c’est bien connu, tout ce qui est publié sur Internet est vrai, documenté et objectif. Et puis évidemment, on a tous le temps de perdre 15 minutes à lire les idées de Marc M, professeur de droit à la retraite, qui au lieu d’aller se faire polir par un trans en Thaïlande préfère passer les 4 années qu’il lui reste à vivre à cracher sur la «terrible trajectoire que prend la France».

A ce moment-là de l’article, un bon nombre d’entre vous ont reçu une notification Facebook, sont allés la voir et ont donc directement oublié ce qu’ils étaient en train de faire. La suite est donc réservée à ceux dont la concentration n’est pas morte en 2008 avec l’arrivée de cette merde.

Bref, on a donc deux «amis» dont les habitus sociologiques respectifs font qu’ils ne tomberont jamais d’accord, en train de se battre à coup d’arguments plus bancales et pathétiques que jamais. Et là, comme si ça ne suffisait pas, Matthieu, ce suce-boules avec vous en primaire dont vous vous moquiez éperdument de savoir s’il avait chopé Ebola en prenant le RER D ou s’il était devenu astronaute, intervient. Mais pas tout de suite, le mec est sournois, commençant par « liker » un commentaire puis par balancer un  petit « d’accord avec toi », après quoi il prend la confiance et la diarrhée verbale sévère commence : « Ah bah bravo Morray ».

Dessin fb politique

A cet instant, même si vous voyez apparaître sur votre écran un océan de bêtises, préjugés, amalgames et d’autres mots compliqués mais cool à caser comme « clivage », surtout ne faites rien. Outre les 10 notifications/seconde qui vous ameneront très vite à haïr le bruit du vibreur de votre téléphone (comme quand vos gentils copains organisent un anniversaire surprise et se prennent la tête pour l’idée cadeau dans une conversation à 15) vous risquez surtout de faire la bourde de votre vie : donner votre avis. Or ces mecs s’en foutent, ils veulent juste avoir raison et ils vous feront tellement chier que même une coelioscopie serait agréable à côté. En revanche, le Troll est plus que conseillé, mon conseil : balancez un sale truc sur l’immigration et masturbez-vous sur un bon hardcore interracial pendant qu’ils se battent. Laissez  reposer 2h et répéter l’opération en mentionnant Christine Boutin. Ce que vous faites le quart d’heure suivant devant votre ordi de me regarde pas…

Au même titre que le cinéma ou la musique, la politique est donc devenue un bien culturel qui nous enflamme et nous divise. Cela est notamment du à sa surexposition et à sa vulgarisation dans les médias, un peu comme si LCP sénat était devenu NRJ 12. Ici je m’insurge contre les débats de bas étages aux sources foireuse et aux point de vues fermés mais il arrive parfois que certaines pages ou personnes ouvrent des sujets de discussion interessants avec des conversations qui en découlent qui le sont tout autant. Alors, soyons à la hauteur ou arrêtons le massacre.

Christine Boutin

A très vite,

1 réflexion au sujet de « Pitié, arrêtons de parler de politique sur Facebook »

  1. Même si certaines discussions vous semble pathétiques (car les internautes qui en sont à l’origine n’ont pas la science infuse) au moins elles invitent à la réflexion. Et quand on voit le chemin que prennent nos élus, on peut bien se dire que n’importe quel novice à le droit d’exprimer son opinion haut et fort. Il y a effectivement des propos qui ne valent pas la peine qu’on s’y intéresse, mais de là à enjoindre de cesser les débats politique… Non, absolument pas ! Au contraire, le fait qu’il y ait un regain d’intérêt envers les « hautes sphères du pouvoir » prouve que nous sommes dans une période de bouleversement idéologique, et plus il y aura de citoyens à vouloir se politiser, s’informer et s’épancher sur les problèmes d’hier et d’aujourd’hui ; plus les contestations pourront amener une mobilisation de plus grande ampleur. Alors non, ne soyons pas indifférents, donnons notre avis, continuons à vouloir nous exprimer sur ce bourbier sociétal pour y proposer à terme des solutions collectives.

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