crédit photo Mr Mass™
Pour bien commencer on va débuter par les banalités, 90bpm WHAT IS IT ?
Lucas (rédaction) : 90bpm est né hip hop. Depuis, le site, référence incontestable de la subculture street, a toujours avancé en cassant les rythmes, les symboles et les esthétiques, conscient du fait que le mode est un leurre, et que les écrits restent. Vision mondiale, fréquentation internationale, le magazine est cité en référence par une belle galaxie d’artistes références divers et variés. Mais la réalité est ailleurs…ce sont les générations de kids devenus grands, qui se rappellent du bon vieux temps, et cohabitent aisément avec les kids d’aujourd’hui. 12 ans de web, c’est un peu comme 25 ans de durabilité papier en somme.
Le motto est « Rhythm of the day », on nous a demandé pourquoi. On a répondu parce que 90bpm est un magazine qui évolue avec son temps. A la fois pilier français des magazines culturels sur le web et jeune pousse innovante au quotidien, 90bpm fait figure d’originator, original et innovant, au sein du paysage culturel français, en tout cas au sein de son paysage web.
Depuis 12 ans le site analyse, dissèque, scrute et façonne les tendances, musicales, bien sûr, mais pas seulement. 90bpm est devenu plus qu’un simple magazine avec le temps, nous pensons que 90bpm est aujourd’hui une véritable force de tendances. Un site générationnel! C’est assez rare pour le souligner, à l’heure du reblogging massif et du turnover du web hypster et hypeux.
Mathias (rédaction) : Au bout de douze ans le magazine a évolué, 90bpm ne voulait pas rester enclavé dans le hip hop strictement donc c’est devenu un observatoire de la musique moderne et une ambassade du bon goût. Mon objectif avec 90bpm était de ne surtout pas réitérer un magazine pop où l’on passe en revue le moindre raclement de gorge d’Arcade Fire.
La France redevient un pays hyper novateur musicalement, Paris sera une des prochaines grandes villes électroniques (d’ailleurs entre nous, après Berlin et Detroit, Resident Advisor a réalisé un documentaire cet été sur Paris comme next big city de la techno. Ça sort bientôt). Des purs produits français comme Yan Wagner sont autant inspirés par Etienne Daho que par la techno de Detroit donc à mon sens, il est important d’informer cette France en mouvement de son actualité, analyser ses bons et mauvais côtés et lui faire parvenir des échos de l’étranger.
En gros, nous sommes un magazine d’information porté sur la culture, l’esprit et la tradition électronique et aussi une entreprise de mise en valeur d’un patrimoine en construction, en devenir. Aujourd’hui 90bpm est un magazine qui porte fièrement son slogan: Rhythm of the day.
Depuis 2000 comment à évolué votre projet ?
Mathias : très bien, comme tu peux le constater ! Concernant les ambitions du magazine, j’en parle précédemment. Après, 90bpm se professionnalise énormément ces temps-ci, on recueille dans l’équipe de très bons journalistes un peu partout, un nouveau site arrive. Maintenant l’objectif c’est de faire tourner cette belle machine et de devenir, outre spectateur et analyste, acteur de la culture en organisant des événements et en créant de l’interaction entre les divers artistes et mouvements. Ça semble très générique dis comme ça mais je ne préfère pour l’instant pas rentrer dans les détails.
La musique a pris une part très importante du blog, un choix ? Ou cela c’est fait naturellement ?
Mathias : alors 90bpm, n’est pas un blog. Ça fait connard pointilleux de le préciser mais j’ai quand même le sentiment qu’on fait bien plus que de publier des billets. J’ai rien contre les blogs, il y en a des très biens mais c’est un genre de site qui n’est pas le notre.
90bpm est un magazine web. La musique a pris une part importante sur le site en effet, mais on garde un forum graffiti très actif et on suit de près l’actu street-art ( vidéos, galeries photos, gros plans, etc…)
Quels sont pour vous les artistes (musique) d’aujourd’hui et de demain ?
Mathias : Morsay, Richard Clayderman, PSY… 😉 C’est une très large question mais tel que je le vois aujourd’hui, les revivals, le passéisme, essoufflent énormément la musique (Simon Reynolds a écrit un bon bouquin dessus), chaque groupe a sa sensibilité et s’il a le besoin de reproduire le son d’antan ça ne me pose pas de problème. Comme du néo-classicisme en peinture. Le Black Lips sorti l’an dernier est canon mais c’est pas une grande progression. L’hybridation va faire naitre de nouveaux courants, pas de révolutions, la musique fonctionne depuis 20ans par micro-mouvements qui gagnent la culture populaire. Carly Rae Jepsen a aujourd’hui son remix chopped & screwed. Le screwed a créé un genre à part entière, tout ce qu’on retrouve chez l’excellent Tri-Angle Records ou des choses moins potables genre Salem ou la witch house. Des mouvements comme le footwork qui à l’origine servait à canaliser la colère de gamins de Chicago qui accélérait la house et se provoquaient sur de la juke, je pense que qu’on va en retrouver pas mal à l’avenir dans l’électronique plus « populaire ».
Outre les revivals habituels, ce qui va compter à l’avenir (je me trompe peut-être) c’est la mort du « genre dominant » à force d’hybridation (pour se l’approprier on trouvera toujours un nom quoi qu’il en soit) et toute la scène anglaise hyper foisonnante, la uk funky, la uk bass…
Quand tu vois que des mecs comme Bashmore produisent pour les divas de demain comme Jessie Ware, tu te dis que la soul du futur est peut-être la dedans. Et puis nombre de grands mouvements sont nés soit par accident (le hip hop) soit après des crises socio-économiques : le blues avec l’esclavage, le punk avec le choc pétrolier, le post-punk et la new wave avec le second choc… Vu ce qu’il nous attend, il y a peut-être de la révolution artistique dans l’air.
Quel est pour vous le graffiti artist qui a marqué ces dix dernières années ? ( dans l’influence )
Rédaction : y’en a beaucoup pour les citer et on ne veut oublier personne non plus…et puis le graffiti a trop de branches, de styles et de mouvements différents pour ne sortir qu’un seul blaze. Joker donc
Tu serais plutôt Rizot ou Horfé ? ( dans le style )
Rédaction : les deux, mon capitaine. Chacun des deux est très bon dans son style.
Comment observer vous l’évolution du graffiti depuis ces 20 dernières années ?
Mathias : pour moi, tout est dit dans « Exit Through The Gift Shop » de Banksy. J’aimais l’artiste, je crois que je préfère encore l’individu. Après, c’est l’arbre qui cache la forêt, d’un côté des mecs exposent en galerie, font des t-Shirts et un tas d’arguments sont défendables puis de l’autre des mecs se battent (presque au sens propre) toujours pour leur art et se font encore courser sur des rames de métro. La passion pour un même art s’est vraiment scindée en deux. Par exemple toute l’histoire du Mausolée dernièrement, au Nord de Paris, je trouve ça fascinant et beau (pas seulement au sens esthétique de la chose).
En 3 mots, que représente 90 Battements Par Minutes pour vous ?
Mathias : Un rythme que personne n’emploie parce que nous l’avons copyrighté. Si quelqu’un l’utilises il nous doit de l’argent.
Quelles sont vos futures idées de développement ?
Mathias : Un nouveau site, une nouvelle équipe qui s’agrandit de semaine en semaine, des mix d’artistes prometteurs, de nouvelles bonnes idées, des soirées, des gros reportages, ce qui se fait assez peu dans une offre gratuite, des produits dérivés, et quelques bonnes surprises.
Are you really Open Minded ?
Mathias : Je suis pathologiquement snob. C’est l’ouverture d’esprit qui fout notre société en l’air. Non, heureusement que nous sommes très open minded, nous ne pourrions pas exercer ce métier avec des esprits obtus. Je veux dire BIEN exercer ce métier.
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