Le métro et ses barres me dégoûtent, mais ai-je raison ?
Comme toute personne un temps soit peu craintive du milliard de bactéries qui nous entoure, Paris et son métro représentent clairement mon pire cauchemar. Stressée, angoissée à l’idée de choper la grippe croisée à la gastro, il fut impossible de ne pas m’interroger sur mes chances de tomber malade en touchant les barres du transport en commun que j’utilise quotidiennement. Et en voyant plusieurs personnes hésiter à s’accrocher à leur seul espoir de ne pas tomber sur le voisin entre deux stations, je me suis sentie moins seule, et moins hypocondriaque.
Réponse.
Comme le prouve Sonia dans un article du journaldesfemmes.com publié le 8 décembre 2008, et intitulé « Les microbes des autres, non merci!« , nous ne sommes pas seuls !
Le téléphone de mon poste est utilisé par beaucoup d’employés, l’ordi aussi et le pire c’est au toilettes ! Certaines filles ont une très vague idée de ce que représentent l’hygiène et la propreté… Tous les jours, je nettoie le combiné téléphonique et même avant de m’en servir dans la journée. Heureusement, les vitrines de mon rayon font une séparation d’avec les clients car ils toussent, soufflent, postillonnent ! Et aux toilettes, je ne touche rien, je me sers tout le temps d’un essuie-tout pour fermer le verrou et la poignée de porte et en dernier, lorsque je me sèche les mains, avant de sortir, je me sers de cet essuie-tout pour ne pas toucher la poignée de la porte principale, la pire ! Beaucoup, en effet, ne se lavent pas systématiquement les mains… Alors que penser du reste ! Bon allez, j’arrête !
Du côté des scientifiques, en 2015, le chercheur à la faculté de médecine de Weill Cornell Christopher Mason a réalisée une cartographie moléculaire de New-York. En gros, il s’est posée la même question que moi : lécher les barres du métro est-il dangereux pour la santé ? Son projet s’appelle Pathomap, et a été publié dans la revue Cell (étude disponible ici). À la lecture de son étude, on apprends que pas moins de 562 espèces de bactéries cohabitent au sein du métro, dont 67 sont pathogènes (capables de transmettre une maladie). Comme il l’a mis en avant, le quartier des affaires de New-York propose des bactéries liées aux maladies gastro-intestinales et ce sont des bactéries de la méningite qui se trouvent au centre de la ville. La peste bubonique, la maladie du charbon et des staphylocoques dorés ont aussi été trouvés. Miam miam ! Pourtant, ces petits microbes ne représentent pas une menace pour l’organisme des quelques 5,5 millions de personnes empruntant le métro new-yorkais quotidiennement. Elles aideraient même l’organisme à mieux se défendre contre les maladies infectieuses !
Pour ce qui est du métro parisien, un article de MetroNews a abordé le sujet l’année dernière. Selon le docteur Nicolas Fortineau exerçant au service de bactériologie du CHU de Bicêtre à Paris, 57% des bactéries présentent sur ces fichues barres sont inoffensives: « Ce sont des agents vivants qui proviennent en majorité de la peau, des voies respiratoires et du tube digestif. On retrouve ces bactéries dans les flores microbiennes de tout le monde.« .
Pas de quoi stresser alors. Il serait donc assez rare d’attraper la grippe. C’est un virus qui ne peut se multiplier tout seul car il a besoin de cellules parasites. Tout est relatif, mais je n’ai pas envie de tenter le diable…!
M’être posée cette question m’a permis de réaliser, comme dit plus haut, que je n’étais pas la seule à m’interroger sur ce drame microbien. En 2014, Fabrice Pouliquen a réalisée une enquête pour le journal 20 Minutes afin de savoir quelle station du métro parisien est la plus sale. Et la gagnante est ? La station Auber dans le 9ème arrondissement, avec ses plafonds tapissés de mousse, ses traînées brunâtres le long des murs, et ses câbles qui jaillissent d’un plafond incertain. Victime d’infiltrations d’eau car situé non loin du réservoir d’eau au dessous de l’Opéra, la station a de quoi passer l’envie des touristes et autres usagers quotidiens des passages souterrains… Sans oublier la délicate odeur d’urine dont l’air est rempli.
À moins d’être enrhumé.e (car tu as tripoté les barres du métro???), tu ne peux éviter de renifler l’odeur typique du métro parisien. Mélange de suie, d’être humain (ouais ouais) et de caveau, le parfum des rames est unique. Seras-tu surpris.e de savoir ce que je vais te dévoiler? À la suite d’une étude de la RATP pour tracer une géographie des odeurs dans le métro, Céline Ellen, nez et parfumeur de métier, à établie une courte liste de ce qu’elle a découvert à la station de Châtelet : « soufre, oeufs pourris, chaussettes sales, pipi de chat, le tout enveloppé d’un parfum de muguet et de pamplemousse. »
Rien que ça. Pour l’odeur d’oeuf pourri, il a une explication ! Entre la station Châtelet et Opéra de la ligne 14, lors de sa construction a été percée une poche d’hydrogène sulfuré (l’odeur qui pue sa mère) sous la nappe phréatique. Voilà qui t’évitera d’accuser ton voisin la prochaine fois…
Bref, bon nombre d’usagers du transport en commun aux 366 stations et gares se plaignent d’un état qui laisse à désirer. Ce à quoi la RATP tente de remédier depuis fin 2013-début 2014 en investissant 70 millions d’euros dans le nettoyage de plus de 400 km de voies. Ainsi, de 1 heure du matin à la réouverture des stations, des hommes et des femmes s’attaquent à la lourde tâche de décaper, cirer, effacer, et nettoyer les lieux. Mais bon… Une fois tous les deux mois, c’est assez peu pour un nombre de 5,3 millions de passagers quotidiens qui abandonnent journaux, canettes et papiers en tous genres.
Sans oublier leurs bactéries personnelles que pour ma part, je ne tiens pas à adopter. Ma flore intestinale se porte très bien toute seule, merci !
Pour découvrir les backstages du nettoyage d’une station de métro, je t’invite à aller lire cette page. 🙂
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