Youtellme London, nouvelle avant-garde.

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L’album de la semaine est en fait une compilation : le premier volume des jeunes explorateurs de chez Youtellme.

Chaque matin je me réveille à la putain de même heure, je mange mes foutus même céréales, boit un tropicana à 3€58 le verre qui m’empêche de payer mes factures à la fin du mois, et regarde les mêmes informations sur les mêmes magazines… Mais chaque matin mon album au réveil celui que j’écoute sur le chemin est différent, et il me paraissait de bon ton et de bon augure de partager celui ci avec vos tympans. Comment éviter de planter un abruti dans la ligne 9, de défoncer le caddie de la vieille du direct St Lazare, de balayer la meuf qui distribue le 20 min à Havre Caumartin sans un bonjour, en écoutant la première release de Youtellme London.

On va pas se leurrer, la musique en a pris un sacré coup depuis que Chopin, Mozart et compagnie ont commencé à expérimenter. C’est le mot : expérimenter. Parce que oui, depuis  tout ce temps, les producteurs ont évolué en même temps que les instruments qu’on mettait à leur disposition. On a lâché les violons et clavecins pour les guitares et les batteries puis pour les MPC, ordinateurs et boites à rythme. Totues ces innovations ont fait voir le jour à de nouveaux genres musicaux qui, dans une démarche propre aux Legos, ont permis la construction de sous-genres et mélanges par dizaines. Parmi toutes ces pièces, des labels voient le jour et s’installent dans un genre précis à la quête de ce qu’il y a de mieux.
D’autres labels suivent la démarche inverse et piochent par ci, par là le meilleur de chaque style pour se constituer un putain de roster tout terrain. C’est le cas du grand Ninja Tune et de ses nombreux sous-labels et, depuis peu, de Youtellme. Originaire lui aussi du Royaume-Uni, ce label s’installe dans le paysage comme un représentant d’une avant-garde musicale qui s’inspire de la trap, du hip-hop, de la musique club et de la scène beats pour promouvoir des artistes sans jamais tenir compte d’un possible genre musical. Le nom même du label pose le décor : Youtellme, à toi de me dire.youtellme
Après, le nombre de labels existant à l’heure actuelle est impossible à donner. Surtout quand on se rend compte que tous les jours des petits nouveaux prennent la place d’autres vouées à disparaitre. Bref, vous l’aurez compris, Youtellme n’a pas encore soufflé de bougies mais fête son arrivée sur les internets avec une première compile : Volume One regroupant pas moins de neufs sons inclassifiables.
Voilà une compilation éclectique dans laquelle on retrouve des noms déjà croisés comme Phazz ou Daktyl – présents chez les lillois de Cosmonostro – aux côtés d’autres moins connus pour le moment. Avant d’aller plus loin, on peut le dire, cette première release sera un vrai régal pour les afficionados de Stones Throw, Ghostly, Cascade Records et bien évidemment de Cosmo. Une nouvelle histoire d’amour et de passion plus intéressante que les sitcoms qui en parlent.

Côté musique, on commence avec Phazz et son Lionheart en passe de devenir un hymne à faire flamber les dancefloors dès le premier morceau lâché. Un son puissant au carrefour d’influences R&B et de synthés appuyés par de lourdes basses. C’est quel genre ? On s’en fout, on laisse couler le son vers CyberCrush de Nehzuil et sa douceur. On retrouve quelques synthés et toujours ces beats qu’on a déjà croisé une fois dans le passé. Un petit son acidulé qui nous mène à Kaos et son 8-Bit Love. Le genre de son qui a tout ce qu’il faut pour que les anglophones parlent de killertune qui porte bien son nom. On est pris dans une sacrée vibe avec des nappes oldschool à petit nombre de bits et des basses aussi percutantes que le chien d’une arme lourde. Nouvelle surprise avec Milo Mills et son Skies Are Open qui pousse doucement les nuages avec une  mélodie calme avant de faire péter le rayon de soleil avec un beat qui vient éclater à nos tympans. On continue à expérimenter avec Daktyl et un Jungle Pips rempli de ces breaks à renverser les gobelets avec ce petit vocal sexy et son beat rapide. C’est au tour de l’énigmatique 5058M de Howie Lee de s’exprimer. Il faudra l’écouter plusieurs fois pour capter la perfection la perfection de la construction du son qu’on pourrait voir comme la réunion d’un hip-hop outre atlantique avec le feat de Kupla et de la UK Bass. Pas de panique non plus, ça se savoure tout seul comme pour le Deww Itt de Salute. Un autre son qui laisse basses, beats et synthés jouer à cache-cache pour le plus grand bonheur des porteurs de casques à fort potentiel. Le Bubble Pipe de Capsun est parfait. Il arrive doucement et continue le mélange avec des breaks honteux de bonheur et toujours cette vibe estivale. Enfin, puisqu’il fallait enfoncer le clou avec quelque chose, c’est Maxx Baer qui termine avec Kokiri. Un son à l’image de toute la compile : neuf, beau et rempli de petits détails musicaux à chercher au casque ou, au moins, avec un 5.1. Histoire de faire danser la maison. Et d’aileurs, le tout est déjà dispo chez les bons dealers : iTunes, Beatport, Amazon !

On aurait pu s’arrêter là mais, au bureau, on s’est dit qu’il restait quelques parts d’ombres qu’on n’arrivait pas à éclairer. J’suis donc parti faire quelques recherches pour aller à la rencontre du grand patron de Youtellme. Un certain Mark qui bosse déjà sur un autre projet britannique : Trapdoor Records. On lui a posé quelques questions pour en savoir plus et il nous a fait un playlists musicale qui tiens en une journée. L’occasion d’essayer de comprendre les origines de tout ça et de briller toujours un peu plus en société.

Salut. Pour commencer, est ce que tu peux te présenter ?
→ Mark. Amoureux de musique, mangeur de sandwich et porteur de lunettes parce que je reste trop longtemps devant mon laptop. Je vis à Londres où je bosse sur Trapdoor et mon nouveau label Youtellme.

Tu bosses chez Trapdoor depuis un bail. Comment tu as eu l’idée de lancer un nouveau projet?
→ On a mis Youtellme en route pour donner une plateforme aux artistes qu’on ne pas ranger dans tel ou tel genre. On les encourage à nous envoyer ce qu’ils font sans s’inquiéter. On aime le bizarre et le magnifique.

Et d’ailleurs. Pourquoi « Youtellme«  ?
→ Le nom est venu de lui même en discutant Howie Lee. Je lui ai demandé dans quel genre il rangeait sa dernière prod et il m’a répondu : « You tell me man ». Après ça, on est allé descendre quelques bières histoire de fêter le baptême.

Comment tu as choisi les artistes qu’on retrouve sur le Volume 1 ?
Je connais la majeure partie des artistes présents depuis un moment puisqu’on avait déjà travaillé ensemble. Certains d’entre eux sont déjà bien installés dans leurs scènes respectives et les autres commencent tout juste. Mais, Youtellme c’est à la cool. Chaque artiste vient avec sa musique et fait ce qu’il veut. On a vraiment voulu monter un projet sans restreindre quelqu’un !

En quelques mots, comment tu résumerais la compilation ?
→ C’est quel genre ?

Comment tu vois Youtellme sur le long terme ? On doit s’attendre à quoi ?
→ On va continuer à sortir des sons qui nous surprennent nous et nos fans. Je ne sais pas trop ce que le futur nous réserve pour le moment vu que les goûts musicaux reste assez imprévisibles. Mais on continuera à pousser une musique qui nous fait remuer la tête.

Mark, t’écoutes quoi pour :
– te lever ?
The Jamaicans – Ba Ba Boom Time
 – prendre ton café matinal ? Big Tabb – Raw Dawg
 – chanter sous la douche ? Milo Mills – Sweeter Than A Rice Cake
 – aller au boulot ? Lil Noid – Load My Clip
 – aller à un rendez-vous important ? The Ninetys – Aint Hard To Tell Feat. LYLA
 – voyager ? Big L – Put It On
 – aller prendre un verre ou chiller ? Peace & Dub – Die & Break feat MC Fats and Buggsy
 – profiter de la soirée ? Outkast – Spottieottiedopaliscious (Instrumental)
 – atterrir dans un lit (peut être en bonne compagnie) ? John Williams – Duel of the Fates
 – dormir ?  Sam Cooke – Driftin’ Blues

Et si tu devais n’en retenir qu’un seul à écouter en boucle pendant 24h ?
Patto – The man

Pour finir, are you really open minded ?
Oui. Les opinions et les idées de chacun sont toujours bons à prendre…sauf si tu utilises le mot twerk.

pieral

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